CHARLOTTE MASON (1842-1923)

Charlotte Mason était une éducatrice britannique de la fin du XIXe siècle dont les idées étaient bien en avance sur son temps. Elle considérait les enfants comme des personnes dès leur naissance, plutôt que comme des ardoises vierges, et pensait qu’il valait mieux nourrir leur esprit grandissant avec de la littérature vivante et des connaissances vitales, plutôt que des faits secs et des connaissances filtrées et pré-digérées par l’enseignant. Sa méthode d’éducation, utilisée par certaines écoles privées et de nombreuses familles scolarisées à la maison, est douce et flexible, en particulier avec les jeunes enfants. Elle encourage une exposition de première main à de grandes et nobles idées à travers des livres dans chaque matière scolaire, transmettant l’émerveillement et suscitant la curiosité, la réflexion sur l’art, la musique et la poésie.

Sa Pédagogie

L’observation de la nature est la première étape vers l’enseignement des sciences, l’utilisation de la manipulation et d’applications réelles permettent d’apprendre à raisonner et comprendre les concepts mathématiques. Elle met également l’accent sur le caractère, la culture et le maintien de bonnes habitudes personnelles. La scolarité est dirigée par l’enseignant et non par les enfants, mais le temps scolaire doit être suffisamment court pour permettre aux élèves de jouer et de poursuivre leurs propres intérêts. La scolarité traditionnelle de Charlotte Mason est fermement basée sur le christianisme, bien que la méthode soit également utilisée avec succès par les familles laïques et les familles d’autres religions.

La devise de la philosophie Mason est : « L’éducation est une discipline, une atmosphère, une vie. »

Pour en savoir plus, consultez la Pédagogie en résumé

Biographie

Charlotte Mason est née près de Bangor, à l’extrémité nord-ouest du Pays de Galles, près de Caernarfon. Enfant, elle a été principalement éduquée à la maison par ses parents. De nombreuses zones floues demeurent quant à son enfance car elle fut toujours très discrète sur sa vie. 

En 1960, Essex Cholmondeley écrivait la première biographie de Charlotte Mason. Elle reste la seule référence sur la vie de cette « grande dame, grande âme » – comme la désigna Sir Michael Sadler lors de son éloge funèbre en 1923 -, jusqu’en 2015. En effet, cette année-là, Margaret Coombs écrit Charlotte Mason, Hidden Heritage and Educational Influence (Charlotte Mason : patrimoine caché et influence éducative), publié aux éditions Lutterworth Press, et bouleverse ainsi ce que l’on pensait savoir de la vie de Charlotte Mason. Cette historienne sociale et sociologue fournit un récit chronologique extrêmement détaillé basé sur un important travail d’archives commencé des générations avant la naissance de Miss Mason en 1842, et poursuivi bien après sa mort en 1923. Le livre documente la vie de Mason tout en corrigeant certains malentendus fondamentaux écrits par Cholmondeley à une époque où les mœurs étaient autres.

Par exemple, Coombs apporte une correction importante à l’affirmation de Cholmondeley selon laquelle Mason était enfant unique. Joshua Mason, le père de Charlotte, avait en fait eu deux précédents mariages dont étaient nés 12 enfants.

Ayant perdu ses deux femmes, son père aura eu une liaison avec une femme beaucoup plus jeune que lui, Margaret Shaw. Le chemin exact suivi par cette nouvelle petite famille n’est pas tout à fait clair, mais il est exact que vers l’âge de 16 ans, les parents de Charlotte Mason étaient tous les deux décédés.

Devenue orpheline, elle est probablement accueillie par la famille de son père. Charlotte Mason va suivre une formation d’enseignante et, une fois son diplôme obtenu, enseigner pendant plus de dix ans à la Davison School de Worthing, en Angleterre. Pendant cette période, elle développe sa vision d’une « éducation libérale pour tous ».

De nombreux ouvrages vont se succéder : d’abord une série de livres de géographie, puis un livre d’Histoire sur les comtés d’Angleterre. Plus tard, elle écrira également un recueil de plus de 1000 pages de poésie.

L’année 1886 marque le tournant de la carrière de Charlotte Mason. Sa conférence donnée à des femmes sur l’éducation à domicile afin de recueillir des fonds pour un nouvel institut paroissial pour l’église St Mark, à Manningham, est éditée sous le titre de Home Education. 

À la suite de cette parution, Charlotte Mason va être approchée par de nombreuses personnes influentes avec qui elle va fonder la Parents’ Educational Union (PEU) et lancer la Parents’ Review, dont elle sera rédactrice en chef. En 1890, elle rencontre Henrietta Franklin et c’est elle qui ouvrira la première école basée sur les principes de Mason en 1892, à Londres.

Installée à Ambleside en 1891, Mason crée la House of Education, une école de formation pour les gouvernantes et autres personnes travaillant avec de jeunes enfants.

Elle écrira encore cinq volumes qui complèteront sa série. Son dernier livre, Towards A Philosophy of Education, a été publié en 1923, près de quarante ans après son premier ouvrage. Il traite principalement de l’application de ses méthodes et principes avec les élèves du secondaire, mais elle a également révisé ses principes et affiné ce qu’elle a écrit dans les volumes précédents. 

Au cours des années qui séparent la publication des volumes 1 et 6, d’autres écoles adoptent sa philosophie et ses méthodes. L’établissement d’Ambleside devint un collège de formation d’enseignants pour approvisionner toutes les écoles de la PNEU qui se créaient, ainsi que pour aider aux programmes par correspondance fournis aux parents britanniques vivant à l’étranger et éduquant leurs enfants. L’école formait les jeunes femmes selon les méthodes de Mason, à la fois dans les foyers et dans les écoles. Mason a passé ses dernières années à superviser ce réseau d’écoles.

Après sa mort, l’école de formation a été renommée sous le nom de Charlotte Mason College et a été gérée par l’autorité éducative locale de Cumbria.

Les bâtiments font maintenant partie de l’université de Cumbria. Un musée y est également rattaché. En mars 2008, l’Université a annoncé son intention de mettre fin à la formation des enseignants à Ambleside, et de développer le campus pour des travaux de troisième cycle et un centre de conférence.