PLANIFIER L’ANNÉE SCOLAIRE
Il est utile avant de se lancer dans le planning de la nouvelle année scolaire de clarifier nos raisons. Pourquoi planifie-t-on ? Parce que tout le monde le fait autour de nous… parce qu’on se sent obligée… pour montrer aux autres qu’on “fait quelque chose”…
Nous planifions pour nous ! Un plan, quelle que soit la forme qu’il prend, a pour but de nous faire gagner du temps. C’est un cadre sur lequel nous nous appuyons et qui nous évite d’avoir à improviser chaque jour. Un plan nous permet aussi de nous assurer que nous fournissons une éducation variée à nos enfants et que nous satisfaisons aux exigences des inspections de l’Education Nationale.
Nous allons voir ici comment planifier une année en suivant la pédagogie Charlotte Mason. Ceci se fait en plusieurs étapes, à chaque fois plus détaillée. Nous pouvons choisir de nous arrêter à une étape en particulier et d’improviser le jour dit.
Et souvenez-vous… un planning est là pour nous aider, pas pour régenter notre vie quotidienne !
1) Définir les sujets et thèmes étudiés cette année
La première étape est de décider ce que nous allons étudier avec nos enfants cette année.
Cette décision se fait d’abord en faisant un état des lieux du niveau actuel de notre enfant. Le PNEU précisait dans les programmes envoyés aux familles et aux écoles qu’il ne pouvait y avoir de discontinuité en ce qui concerne les mathématiques, la grammaire et les langues. En d’autres termes, on ne peut pas “sauter” des étapes dans ces matières. Pour le reste des sujets, les enfants rattrapaient là où leurs camarades en étaient quand ils rejoignaient une nouvelle Form. Il arrivait donc par exemple qu’un enfant entrant en Form II ait une discontinuité dans ses leçons d’étude de la Bible ou de l’Histoire. Les livres n’étaient pas forcément lus en entier non plus. Un des principes de Charlotte Mason était d’offrir à l’enfant un “festin d’idées” et non une étude exhaustive d’un sujet. Cette idée nous enlève un peu de pression quant au planning et à la mise en œuvre de celui-ci ! Ceci nous permet aussi d’associer nos enfants sur certains sujets (voir plus bas). Un enfant de 6 ans (première année d’études) peut potentiellement se joindre à ses frères et sœurs plus âgés dans leur étude de l’Histoire ou de la nature par exemple.
Le choix des sujets et des thèmes étudiés se fait ensuite en fonction de plusieurs paramètres :
– le programme de l’Education Nationale correspondant à leur niveau (et non pas nécessairement à leur âge) : voir le site de référence Eduscol.
– les programmes originaux du PNEU : nous avons pour le moment analysé une vingtaine de programmes de Form I et II des années 1920, soit les six premières années scolaires, de 6 à 12 ans.
– nos attentes et nos objectifs pour nos enfants (y-a-t-il des travaux manuels, un auteur … en particulier que nous aimerions qu’ils connaissent ? une habitude sur laquelle ils doivent travailler ?). Ceci nous aide à déterminer nos priorités, certains sujets auront peut-être plus d’importance que d’autres. Il est difficile de mettre la priorité sur tout !
– les intérêts de nos enfants.
A propos des programmes américains inspirés de la pédagogie de Charlotte Mason (Ambleside Online, Wildwood, Mater Amabilis…) : ces programmes ont le mérite d’exister et d’être de bonnes sources d’inspiration, cependant ils ont l’inconvénient d’être des adaptations des programmes originaux du PNEU. Ils ont été créés pour un public américain (notamment pour l’Histoire et la géographie), et ils sont en anglais, tout comme les livres recommandés. Chaque programme est influencé par la culture et les goûts des personnes qui l’ont établi. C’est ce qui nous a poussé à étudier les programmes d’origine.
Les habitudes étaient un sujet cher à Charlotte Mason. ‘L’habitude vaut dix natures’ dit-elle dans L’éducation à la maison (volume 1, partie III). Elle voulait dire par là qu’une habitude est plus forte que notre caractère. Vous pouvez ainsi choisir une ou deux habitudes par trimestre pour chacun de vos enfants. Ce peut être une “mauvaise” habitude à corriger ou une habitude qui les servira dans leur vie d’adulte. Il est plus facile de se concentrer sur une habitude à la fois, sur 6 semaines. Une fois que cette habitude est établie, choisissez-en une nouvelle, tout en gardant un œil sur la première. Charlotte Mason disait que du moment que la mère ignorait une habitude non respectée (elle donne l’exemple de ne pas fermer la porte en quittant une pièce), ne serait-ce qu’une fois, la mauvaise habitude se réinstallait. A nous donc de rester vigilant pour que l’enfant garde ses bonnes habitudes.
Vous pouvez utiliser un cahier, pour planifier, ou un format digital (Excel, Word).
2) Choisir les livres et ressources pour chaque sujet
a. Les livres vivants
Il est temps de choisir les livres pour chaque sujet, en fonction des thèmes qui seront abordés cette année !
Charlotte Mason préconisait l’utilisation de living books ou livres vivants. Les manuels scolaires sont souvent secs et ne capturent pas l’imagination et l’intérêt de l’enfant. Les livres vivants se lisent comme des histoires, l’enfant est captivé et, surtout, il peut ensuite narrer ce qu’il a entendu (ou lu). La narration est un des principes essentiels de la pédagogie Charlotte Mason, c’est ainsi que l’enfant s’approprie et retient ce qui a été lu. Certains livres des programmes du PNEU étaient parfois remplacés au bout d’un trimestre parce que les enfants n’arrivaient pas à faire de narration. “L’enfant peut-il narrer ce livre ?” est donc un bon guide pour le choix des livres.
Généralement, un livre principal par matière (voire deux en Form II) était utilisé, et souvent pour toute la durée d’une Form (3 ans). Par exemple, en Histoire, les enfants de Form I utilisaient Our Island Story de H. E. Marshall et les enfants de Form II utilisaient A History of England de H. O. Arnold-Forster. Ensuite des livres complémentaires étaient assignés chaque trimestre en lecture indépendante (“lectures du soir et pendant les vacances” précisent les programmes du PNEU). Les lectures du livre principal étaient narrées mais pas forcément les lectures indépendantes, en tout cas pas pour les plus jeunes. Les lectures complémentaires (independent reading) concernaient essentiellement les classiques, l’Histoire et la géographie (récits de voyage et d’exploration). Mais nous pouvons étendre ce modèle à d’autres sujets : étude de la nature, sciences (biographies d’inventeurs et scientifiques), étude d’artistes et de compositeurs (biographies).
Dans les écoles du PNEU, les livres étaient divisés en nombre de pages ou chapitres à étudier chaque trimestre. Ceci est à tempérer par le fait que les élèves ne finissaient pas forcément les livres chaque année. A nous d’exercer notre jugement et de décider, à chaque nouveau trimestre, si nous désirons conserver la continuité ou bien “sauter” une partie. La continuité est probablement importante pour l’Histoire mais est-il vraiment important de finir un livre qui traite des oiseaux par exemple ?
b. Où trouver des livres vivants ?
Les anciens livres sont souvent plus “vivants” que les livres récents bien qu’on ne puisse pas faire de généralités. Les magasins de seconde main ainsi que les sites d’occasion en ligne, réservent souvent de bonnes surprises. Les ouvrages qui sont dans le domaine public sont disponibles gratuitement sur ces sites (la liste n’est pas exhaustive) :
Livres audios gratuits :
En Union Européenne, les ouvrages entrent dans le domaine public 70 ans après le décès de leur auteur (ou 70 ans à compter du décès du dernier auteur survivant).
Essayez aussi de vous souvenir des livres de votre enfance ! Ces livres regorgent de descriptions, de phrases à la structure élaborée et au vocabulaire riche. Attention ! Des séries telles que le Club des Cinq, dont les histoires suivent un modèle identique, même bien écrites, ne sont pas des livres vivants. Le livre doit fournir des informations sur une période historique, un endroit du globe, des animaux, des plantes… voire des valeurs morales (comme c’est le cas avec Les Petites Filles Modèles de la Comtesse de Ségur). Ceci dit, l’appellation “livres vivants” est très large et reste à l’appréciation de chacun. Charlotte Mason avait à cœur de préciser que ce n’étaient pas les livres eux-mêmes mais les principes qui faisaient le succès de sa méthode. Choisissez des livres qui correspondent à vos valeurs, à ce que vous voulez transmettre à vos enfants et, surtout, qui éveillent l’intérêt de vos enfants.
Si vous lisez l’anglais, vous pouvez vous inspirer des livres qui étaient utilisés dans les programmes du PNEU des années 1920. La plupart de ces livres sont dans le domaine public (consultables sur des sites tels que archive.org, Project Gutenberg). Consulter ces livres vous permet de comprendre ce qui était utilisé et ensuite de choisir les livres adaptés à votre programme et à votre famille.
3) Planifier par trimestre
a. Choisir son cycle d’étude annuel
Il y a matière à être flexible et chaque famille peut imprimer sa personnalité sur son programme.
Les écoles du PNEU des années 1920 travaillaient 6 jours par semaine, le matin uniquement, sur trois trimestres. Les écoles des années 1970 travaillaient 5 jours par semaine avec des leçons l’après-midi (les sujets de l’après-midi concernaient l’art, les travaux manuels, la géographie physique, sujets qui étaient traités le matin dans les programmes des années 1920).
Le plus classique est de travailler sur trois trimestres en suivant le calendrier de l’année scolaire pour les vacances. Une année scolaire contient environ 36 semaines.
Mais l’on peut aussi choisir de s’affranchir de ce calendrier en travaillant tout au long de l’année, sur 36 semaines ou plus. Ceci permet plus de flexibilité (si l’on veut prendre une journée de congé à l’improviste par exemple ou si un enfant est malade). En travaillant sur quatre trimestres, on peut par exemple choisir de travailler sur un cycle de 6 semaines (ou quatre, ou cinq…) avec une semaine de vacances (ce qui permet au parent de préparer les 6 prochaines semaines plus en détail, voire de réviser son planning). Certaines familles travaillent quatre jours par semaine et réservent le cinquième jour aux activités de groupe ou aux sorties nature. D’autres familles choisissent de travailler 6 matinées par semaine… une fois affranchis du calendrier scolaire classique, nous pouvons établir un calendrier adapté à nos conditions de vie familiales (âges des enfants, personnalités, horaires du parent qui travaille…). Étaler les leçons sur une année entière évite les grosses ruptures de rythme (notamment les vacances d’été) et parents comme enfants se remettent plus facilement “dans le bain”. Des pauses courtes et régulières (une semaine) permettent au cerveau d’assimiler ce qui a été vu.
b. Etudier en famille et en individuel
A ce stade, nous déterminons aussi les sujets que nous étudions en famille et ceux qui seront étudiés individuellement (que ce soit parce que les enfants ont un niveau différent, comme pour les maths ; ou parce que l’enfant n’a pas encore l’âge/la maturité requise, comme pour le latin). Regrouper les enfants pour certains sujets permet de gagner du temps et enrichit les discussions. Une fois la lecture offerte achevée, les plus jeunes font une narration orale ou un dessin tandis que les plus âgés font une narration écrite, lisent seuls un livre pour approfondir le sujet, effectuent des recherches…
Tous ces sujets peuvent être étudiés en groupe : Histoire, géographie, Bible/Éducation religieuse, langues étrangères, étude de la nature, sciences (dans une certaine mesure), étude d’artistes, étude de compositeurs, chant, littérature, poésie, dessin/peinture.
Les sujets concernant les compétences se prêtent plus à l’étude individuelle : lecture, écriture, grammaire, composition, mathématiques.
Ce choix se fait en fonction des différences d’âge (il sera plus facile d’associer des enfants d’âges rapprochés).
c. Répartir les ressources par trimestre
Prenez maintenant votre liste de sujets pour l’année, vos livres/ressources, votre cycle d’étude.
Les livres se divisent en leçons, en chapitres, voire en pages, si les chapitres sont très longs. Le nombre de pages ou chapitres étudiés par trimestre sera fonction de plusieurs choses : le livre est-il étudié sur un trimestre ou sur toute l’année ? en entier ou bien seulement une portion ? Vous pouvez choisir de concentrer un sujet ou un thème sur un trimestre ou au contraire de l’étaler sur toute l’année. Diviser le nombre de chapitres ou de pages par le nombre de trimestres, trois ou quatre selon votre organisation.
Chaque leçon dure entre 20 min (6 – 9 ans) et 30 min (9 – 12 ans) et comprend la lecture d’un passage et une narration. Ceci vous donne une indication du nombre de pages qu’il est possible de lire, et de vérifier, à ce stade, que vous n’avez pas surchargé votre planning.
Vous pouvez choisir de vous arrêter à ce niveau de précision si vous le souhaitez. Il vous faut néanmoins déterminer ce que vous étudierez chaque jour.
4) Planifier par semaine
a. Répartir les livres par semaine
Cette étape peut s’exécuter en même temps que la division de chapitres/pages par trimestre. Calculez combien de semaines vous allez étudier chaque trimestre, en tenant compte des semaines de congé que vous avez décidé de prendre. Bien sûr, il est difficile de savoir à quel moment exact nous partirons deux semaines en vacances l’été prochain ou bien que les cousins nous rendront visite dans 6 mois ! Mais même si des imprévus se présentent, avec un planning, il sera facile de faire “glisser” les leçons d’une semaine sur une autre. Une fois connu votre nombre de semaines par trimestre, divisez votre nombre de pages par trimestre par le nombre de semaines et vous connaitrez le nombre de pages par semaine pour chaque matière.
b. Organiser la semaine
Charlotte Mason préconisait de limiter le travail scolaire à la matinée pour les enfants de Form I et II (6 – 12 ans). Les enfants étudiaient 6 jours par semaine sur 3 trimestres (année scolaire classique). A titre indicatif, voici la durée quotidienne de temps d’étude pour chaque Form :
- Form I (6 – 8/9 ans) : 2 ½ h dont ½ h d’exercices physiques (jeux, gymnastique, danse).
- Form II (9 – 12 ans) : 3 h dont ½ h d’exercices physiques.
- Form III (12 – 15 ans) : 3h ½ dont ½ h d’exercices physiques
Dans les années 1970, les écoles suivant les programmes du PNEU travaillaient 5 jours par semaine, matin et après-midi. Les sujets étudiés l’après-midi concernaient :
- En Form I : art, travaux manuels, étude de la nature (promenade et journal de la nature), géographie physique, éducation physique.
- En Form II : art, travaux manuels, étude de la nature (promenade et journal de la nature), sciences, étude d’artistes, appréciation musicale, chant, éducation physique.
Pour les enfants de Form I (6 – 9 ans), les leçons duraient 20 min. Pour les enfants de Form II, les leçons duraient 30 min. Les emplois du temps des écoles du PNEU des années 1920 nous permettent de connaître la durée, la fréquence et la répartition des sujets enseignés. Pour chaque leçon, plusieurs pages du livre étudié étaient lues par le maître (jusqu’en Form Lower IA, soit 7 ans) ou par les élèves (à partir de Form Upper IA, soit 8 ans – ceci dit, les programmes précisent de s’adapter aux capacités de l’enfant, certains enfants ne savaient lire qu’à l’âge de 9 ans. Idem pour les narrations écrites). Quelques élèves faisaient ensuite une narration orale du passage, leurs camarades complétaient ce qui avait été omis. Les enfants plus âgés (à partir de 8 ans, en fonction de leurs capacités) rédigeaient une narration écrite. La narration pouvait aussi prendre la forme d’un dessin.
En ce qui vous concerne, commencez par déterminer les temps dans la semaine où vous désirez faire les leçons. Il faut pour cela prendre en compte les activités en extérieur, retirez de votre emploi du temps les activités en groupe, les leçons de musique, les activités sportives, etc., ainsi que les temps de trajet.
Listez ensuite les matières étudiées chaque semaine, leur durée et leur fréquence. Le succès de la pédagogie de Charlotte Mason repose, en partie, sur des leçons courtes. Ce principe est très important. L’enfant prend l’habitude de l’attention grâce aux leçons courtes. C’est en lui donnant la possibilité de conserver son attention qu’il prend l’habitude de se concentrer. Petit à petit, à mesure que son temps d’attention augmente, nous pouvons augmenter la durée des leçons.
L’autre principe qui entraîne un enfant à conserver son attention est la variété des sujets offerts chaque jour. En Form IB (6 ans), les élèves étudiaient 13 sujets par semaine (16 livres). En Form IA (7 – 8/9 ans), ils étudiaient 15 sujets (23 livres). En Form II (9 – 12 ans), les élèves étudiaient 21 sujets (25 livres).
Listez donc maintenant pour chaque jour de la semaine les différents sujets que vous allez étudier en fonction de ces paramètres.
c. Organiser la journée
Il nous faut maintenant déterminer à quel moment de la journée nous allons étudier, ainsi que l’ordre des sujets. Nous répétons le même processus que pour l’organisation de la semaine : marquez les temps des repas, des tâches ménagères (les programmes du PNEU encouragent d’inclure nos enfants dans les travaux de la maison et du jardin), et des activités à l’extérieur de la maison.
L’ordre des sujets dans une matinée n’était pas laissé au hasard. Charlotte Mason allait encore plus loin que les leçons courtes et variées pour aider les enfants à se concentrer. Avant l’ère des neurosciences, des intelligences multiples, des mémoires auditives / visuelles / kinesthésiques etc., elle avait réalisé que notre cerveau fonctionnait de façon différente selon les sujets abordés (et la façon dont ils étaient traités). Elle recommandait donc d’alterner les sujets selon la façon dont ils sollicitent le cerveau. Ainsi, après une leçon d’Histoire (lecture à voix haute suivie de la narration), enchaîner sur une leçon de maths ou une étude d’artiste permettra à l’enfant de conserver un cerveau frais et toute son attention ! C’est ainsi qu’un enfant de 6 ou 7 ans peut étudier 2h chaque matin sans se fatiguer.
Les emplois du temps des écoles du PNEU des années 1920 ou 1970 nous donnent une base de départ pour respecter ces trois principes (leçons courtes, variétés des sujets, alternance des sujets selon le type de sollicitation cérébrale). A vous ensuite de créer le programme hebdomadaire qui conviendra à votre famille. Vous pouvez être aussi précis ou flexible que vous le désirez.
Les écoles du PNEU suivaient des horaires stricts mais, en famille, nous pouvons nous permettre plus de liberté. Ainsi, vous pouvez définir pour chaque jour de la semaine un bloc de temps “Leçons” et une liste de sujets associée. Ceci vous donne un peu de flexibilité pour la durée des leçons (il peut être dommage d’interrompre une conversation intéressante), l’heure du déjeuner est aussi flexible dans une certaine mesure (“ventre affamé n’a pas d’oreille” !). Vous pouvez aussi établir un horaire sans heure de début : 0 :00 – 0 :20 : Bible ; 0 :20 – 0 :40 : Histoire, etc. ainsi votre temps de leçon est flottant et commence lorsque vous êtes prête. Ou encore, vous pouvez décider que vos leçons commencent chaque matin à 9h. Un sablier de 10 ou 20 min peut être utile au début pour éviter que certaines leçons ne débordent sur d’autres. A vous de trouver l’équilibre entre organisation et flexibilité.
Pour les familles avec plusieurs enfants d’âge scolaire : certaines matières se font individuellement, avec l’aide d’un parent, ou en autonomie. L’astuce consiste à occuper un enfant pendant que l’on se concentre avec l’autre. Par exemple : nous donnons une leçon de maths à un de nos enfants, pendant ce temps, l’autre enfant peut : faire sa leçon de copie, faire des exercices de maths (révision ou entraînement), lire un de ses livres de “lecture autonome”, faire une de ses tâches ménagères, lire une histoire au petit frère / petite sœur, aller jouer dehors… Être organisé pour les travaux indépendants garantit (en partie !) le bon déroulement de la matinée. Les enfants s’habituent au fur et à mesure à travailler seuls et à attendre leur tour avec le parent.
Vous pouvez exercer votre créativité quant à l’organisation des leçons. Les repas peuvent notamment être mis à profit car toute la famille est rassemblée. Nous pouvons lire de la poésie ou de la littérature pendant que les enfants prennent leur petit-déjeuner, ou bien pratiquer une langue étrangère au cours du déjeuner. Les trajets en voiture sont l’occasion d’écouter des livres audio (classiques, biographies, livres en anglais…). Une fois que nous nous affranchissons du schéma scolaire, nous commençons à repérer ces moments qui s’offrent à nous tout au long de la journée.
Astuce : si vous imprimez / écrivez votre emploi du temps sous forme de tableau horaire, vous pouvez ajouter après coup, ce que vous avez étudié pour chaque sujet et même les sorties que vous avez faites. C’est une façon de garder une trace de la semaine ‘planifiée’ et de la semaine ‘réelle’.
d. Organiser les ressources
Une “éducation Charlotte Mason” est basée sur les (bons) livres. Tous ceux qui suivent cette philosophie le réalisent vite, leurs étagères craquent sous les livres ! Il est facile d’être pris dans cette “fièvre” bibliophile et d’être submergé non seulement par les livres de l’année en cours mais aussi par ceux “pour plus tard”. Chaque famille trouvera son organisation suivant sa personnalité et l’agencement de sa maison.
Voici toutefois quelques conseils qui peuvent vous être utiles :
- Regrouper dans un panier (ou sur une étagère) les livres et cahiers propres à chaque enfant. Nous leur apprenons l’autonomie (ils sortent et rangent leurs affaires) et il est bien plus facile de trouver le livre de lecture du petit troisième en plein milieu des leçons quand il est dans un panier, plutôt qu’au milieu des étagères du salon ! Les paniers ont l’avantage de pouvoir être poussés sous une table / rangés dans un placard / dans une pièce peu utilisée. Certaines familles utilisent les chariots roulants IKEA à trois étages.
- Regrouper dans un panier (ou sur une étagère) toutes nos ressources utilisées pendant les temps de groupe : livres d’Histoire, de géographie, classiques… le matin, nous sélectionnons aisément les livres que nous allons utiliser et à midi, il est facile de les remettre à leur place.
- Le principe des paniers (ou contenants en général) peut être appliqué à d’autres ressources : un panier pour tout ce qui concerne le dessin et la peinture, un panier contenant les guides et autres livres concernant l’étude de la nature…
« Si l’être humain était une machine, l’éducation ne pourrait rien faire de plus pour lui que de le mettre en action selon des méthodes prescrites, et le travail de l’éducateur consisterait simplement à adopter un système ou un ensemble de systèmes qui fonctionne bien.
« Mais l’éducateur a affaire à un être qui agit et se développe par lui-même, et son travail est de guider et d’aider à la production du bien latent dans cet être, à la dissipation du mal latent, à la préparation de l’enfant pour qu’il prenne sa place dans le monde avec le meilleur de lui-même, avec toutes les capacités pour le bien qu’il a développé en un pouvoir. »
Charlotte Mason, vol. 1