Dans l’épisode que nous vous présentons aujourd’hui, nous parlerons des 14e et 15e principes de Charlotte Mason, principes qui parlent de narration. Comme il est notre habitude, nous vous expliquerons tout d’abord ce qu’elle entendait par narration et ensuite, nous vous expliquerons en quoi cet outil est important. Nous vous donnerons aussi quelques conseils pour résoudre des problèmes pouvant survenir dans l’application de ces principes. Bienvenue à table!

CITATIONS

Principe 14: Comme la connaissance n’est pas assimilée tant qu’elle n’est pas reproduite, l’enfant devrait redire dans ses propres mots ce qu’il a lu ou entendu une seule fois. Il peut aussi écrire au sujet de ce qu’il a lu.

Principe 15: Nous insistons sur une seule lecture parce que l’enfant a naturellement une grande capacité de concentration qui peut facilement se dissiper quand les passages sont relus, mais aussi quand l’enfant est questionné, quand on lui fait des résumés ou autres choses de ce genre. En considérant ceci et d’autres faits sur le fonctionnement de l’esprit, nous réalisons que le potentiel d’éducation de l’enfant est énormément plus grand que ce que nous croyions jusqu’à maintenant, et qu’il dépend très peu des circonstances telles que l’hérédité ou l’environnement. Cette affirmation ne se limite pas aux enfants brillants ou aux enfants de la classe éduquée : des milliers d’enfants du primaire répondent sans réserve à cette méthode, qui est fondée sur le fonctionnement de l’esprit.

Préface de la série Home Education

Bobbi reviendra à la maison avec le récit héroïque d’une bataille entre ‘Duke’ et un chien dans la rue. C’est merveilleux! Il a tout vu, et il raconte son histoire avec une vigueur splendide dans la lignée des récits épiques. Toutefois, notre dédain pour les enfants est tellement enraciné dans nos esprits que nous ne voyons dans ce récit qu’une réaction enfantine ridicule. Alors qu’ici, si nous avions des yeux pour voir et de la grâce pour construire, nous verrions le plan de base de son éducation. »A la mère qui n’est pas sûre de réussir à faire passer une heure par jour en extérieur à son enfant: votre premier devoir est de vous assurer qu’il passe le plus clair de ses six premières années dehors! Sans aucune pression, simplement pour que chaque parcelle de son être s’imprègne de l’air pur et des merveilles de la nature. Une existence posée et équilibrée, à contempler les grands espaces, ne peut qu’amener l’enfant à devenir heureux et bon. Et ce sans aucun apprentissage académique précoce: il s’agit simplement de laisser à l’enfant la liberté complète d’apprendre à connaître le monde et ses merveilles. 

Mason, C. 

Ils doivent lire les pages indiquées et raconter ce qu’ils ont lu. Ainsi, ils accompliront ce que nous pourrions appeler l’acte de connaître.

Mason, C. 

L’éducation demande un effort mental conscient, l’effort mental de redire ce qui a été lu ou entendu. C’est la façon dont nous apprenons tous: nous redisons, à nous-mêmes s’il le faut, ce que nous souhaitons retenir: le sermon, le cours, la conversation. Cette méthode est aussi ancienne que l’esprit de l’homme, mais il est inquiétant de constater qu’elle soit si peu utilisée en éducation.

Mason, C. 

Nous ne sommes que trop conscients, malheureusement, qu’une quantité monstrueuse de matériel imprimé s’en est allé dans les corbeilles de nos mémoires parce que nous n’avons pas effectué cet acte tout naturel et spontané qu’est l’acte de connaître. Cet acte est aussi facile pour un enfant que de respirer et, si nous osons y croire, est relativement facile pour nous aussi.

Mason, C. 

Une narration devrait être originale puisqu’elle vient de l’enfant–c’est-à-dire qu’il a lui-même réfléchi sur le sujet qui lui a été présenté.

Mason, C. 

Il y a longtemps, j’avais l’habitude d’entendre cet axiome cité par un vieil ami philosophe: ‘L’esprit ne peut rien connaître autre que ce qu’il peut produire en réponse à une question qu’il s’est lui-même posé.’ Je n’ai pas réussi à identifier l’auteur de ce dicton, mais depuis les quarante dernières années, je suis devenue convaincue de son importance. Il interdit tacitement le questionnement venant de l’extérieur (ceci n’affecte pas, bien sûr, l’usage socratique de questions dans le but d’avoir une conviction morale) et il est nécessaire pour la certitude intellectuelle, pour l’art de connaître. Par exemple, pour enregistrer une conversation ou un incident, on se le repasse mentalement, c’est-à-dire que notre intellect se met au mode auto-questionnement que j’ai déjà expliqué. Voici ce qui se produit lors de la narration d’un passage lu: chaque nouvel incident ou affirmation arrive parce que l’esprit se pose lui-même la question « que se passe-t-il ensuite?

Mason, C. 

Jusqu’ici, nous n’avons peut-être pas étés en mesure de trouver l’immense soif de connaissance qui existe en chacun et l’incommensurable capacité de concentration que tout le monde possède. Tout le monde préfère la connaissance sous forme littéraire. La connaissance des nombreuses choses occupant l’esprit de l’homme devrait être extrêmement variée. Toutefois, la connaissance n’est acquise que via ce que nous pourrions appeler «l’acte de connaître», qui est à la fois encouragé et mis à l’épreuve par la narration […].

Mason, C. 

La narration est personnelle et individuelle : quand l’enfant articule ses connaissances à partir d’une source littéraire, sa version sera unique, touchée par sa propre personnalité. Sa reproduction deviendra alors originale.

Mason, C. 

Ce que nous devons faire avec des livres ne se limite pas à en faire ressortir les idées. « Tout travail procure l’abondance » ou du moins, dans certains travaux, et ce que le livre doit susciter chez l’enfant, c’est le travail mental: il doit généraliser, classifier, déduire, juger, visualiser, discriminer et travailler, d’une façon ou d’une autre, avec cet esprit capable qu’est le sien, jusqu’à ce que la substance de son libre soit assimilée ou rejetée, selon ce qu’il aura décidé, parce que c’est à lui que revient ce choix et non à son enseignant.

Mason, C. 

La narration est un art, tout comme la poésie ou la peinture, parce qu’elle est là, dans l’esprit de chaque enfant, attendant d’être découverte, et elle n’est pas le résultat d’un processus quelconque de l’éducation disciplinaire. Elle est invoquée par un décret créatif. «Laissez-le narrer» et l’enfant narre, de façon fluide et abondante, avec ordre et avec des détails graphiques et pertinents, un juste choix de mots et sans verbiage ou pléonasme, et ce, dès qu’il peut parler avec aisance.

Mason, C. 

Les narrations qui ne sont que des exploits de mémoire ont peu de valeur.

Mason, C. 

Pour cette raison, il est important qu’une seule lecture du passage ne soit permise; les efforts mis à mémoriser affaiblissent le pouvoir de concentration, l’activité appropriée du cerveau. S’il s’avère convenable de poser des questions afin de mettre l’emphase sur certains points, elles devraient être posées après la narration et non avant ou pendant.

Mason, C. 

Si un enfant est dans l’incapacité de narrer ce qu’il n’a entendu qu’une fois, ne lui donnez pas l’impression qu’il peut, ou qu’il doit, le relire encore. Un regard de faible regret parce qu’il y a un vide dans sa connaissance suffira pour le faire se sentir coupable.

Mason, C. 

Il est très important qu’on permette aux enfants de narrer de la manière qui leur est propre.

Mason, C. 

Il n’est pas sage de les agacer avec des corrections.

Mason, C. 

Au final, il est plus utile d’être capable de parler que d’écrire, et l’homme ou la femme qui est capable de faire la première de ces deux actions est généralement capable de faire la seconde.

Mason, C. School Education, p.88

LIENS

Il serait contre-productif de tenter de faire narrer des livres qui ne sont pas vivants, car les manuels scolaires secs sont difficiles à narrer. Pour un rappel de ce que sont des livres vivants, nous vous invitons à écouter notre épisode à ce sujet: Épisode 7 sur les livres vivants

Pour l’ensemble des épisodes, nous tenons à remercier les animatrices du podcast anglophone A Delectable Education, Emily, Liz et Nicole, qui nous ont généreusement permis d’être nos muses!