Note (d’après l’article de Charlotte Mason Poetry par Art Middlekauff) : Charlotte Mason a créé la Maison de l’éducation en 1892, et dès 1893, les élèves-enseignants tenaient déjà des carnets de la nature. Le premier « inspecteur des carnets de la nature » était Herbert Geldart, qui a occupé cette fonction de 1893 à 1902, date à laquelle Alfred Thornley lui a succédé. L’un des premiers carnets inspectés par Thornley était celui d’une enseignante-étudiante d’une vingtaine d’années, Agnes Drury : « Observations abondantes et bien enregistrées. Dessins excellents » [Parents’ Review vol. 14, p. 549].

Cette Agnes Drury a obtenu son diplôme de la Maison de l’éducation, avant d’être rappelée par Charlotte Mason elle-même en 1907 pour rejoindre le corps enseignant. Pendant ce temps, Thornley a continué à exercer la fonction d’inspecteur des cahiers de notes sur la nature pendant trente-six ans au total. Finalement, en 1938, il démissionne de son poste. Qui pourrait bien succéder à ce rôle tenu par deux hommes seulement pendant 45 ans ? Pour la Maison de l’éducation, aujourd’hui appelé le Charlotte Mason College, il n’y avait qu’une seule réponse : Agnes Drury.

Essex Cholmondeley, biographe de Charlotte Mason, a écrit qu’Agnes Drury était « de tout cœur fidèle à l’enseignement de Charlotte Mason » [Parents’ Review vol. 69, p. 204] En 1941, deux ans après son entrée en fonction en tant qu’inspectrice des carnets de la nature, Drury a rédigé un document sur la façon dont ces carnets devraient être tenus. Ce document, réimprimé l’année de sa mort, 17 ans plus tard, est une référence classique qui devrait être lue et comprise par les praticiens de la méthode Charlotte Mason aujourd’hui.

Par A. C. Drury, Charlotte Mason College
The Parents’ Review, 1941, pp. 218-233

« Il y a peu de joies dans la vie qui soient plus grandes et plus constantes que notre joie dans la beauté… La beauté est partout – dans les nuages blancs sur fond bleu, dans la tige grise du hêtre, dans le jeu d’un chaton, dans le joli vol et les belles couleurs des oiseaux, dans les collines, les vallées et les ruisseaux, dans l’anémone et la fleur du genêt. Ce que nous appelons la Nature n’est que beauté et délice, et la personne qui observe attentivement la Nature et la connaît bien, comme le poète Wordsworth, par exemple, garde son sens de la beauté toujours actif, ce qui lui apporte toujours de la joie. » Ce sont les mots de notre fondatrice, Miss Charlotte Mason, dans Ourselves, p. 42, Livre I. Et plus loin dans le Livre II, p. 98, elle écrit :

« En retour de notre observation attentive et affectueuse, la Nature nous donne la joie d’une belle et délicieuse intimité, un frisson de plaisir en saluant chaque vieil ami dans les champs, les haies ou le ciel étoilé, une excitation délicieuse à chaque nouvelle connaissance. »

Comment améliorer nos connaissances grâce à une observation patiente est expliquée dans ce chapitre et également dans les autres livres de Miss Mason. « Les enfants devraient être encouragés à observer patiemment et tranquillement jusqu’à ce qu’ils apprennent quelque chose des habitudes et de l’histoire des êtres vivants. » (L’éducation à la maison, p. 57).

« Notre première idée en ce qui concerne la connaissance de la nature est que l’enfant doit avoir une connaissance personnelle et vivante des choses qu’il voit… » (Parents and Children, p. 231). Dans l’étude de la Nature, « nous attachons une grande importance à savoir reconnaître, car nous pensons que la capacité à reconnaître et nommer une plante, une pierre ou une constellation implique une classification et comprend une bonne part de connaissances. Connaître une plante par son aspect et son habitat, son utilisation et sa façon de fleurir et de fructifier ; un oiseau par son vol, son chant et ses périodes de migration ; savoir quand, année après année, vous pouvez tomber sur le rouge-gorge et le gobe-mouches, implique une observation minutieuse et, en tout cas, fournit la matière pour la science » (School Education, p. 236). Et la méthode d’étude suit dans le même passage : « Les enfants gardent une trace datée de ce qu’ils voient dans leurs carnets de la nature, qui sont… une source de fierté et de joie, et sont librement illustrés par des dessins (au pinceau) de brindilles, de fleurs, d’insectes, etc. »

Pour les dessins au pinceau, les éléments essentiels de départ sont un bon papier à dessin, des peintures à l’eau propres et un pinceau en poils de martre de taille moyenne avec une bonne pointe. On peut se procurer des cahiers spéciaux intercalés de papier ligné pour les notes, mais presque n’importe quel cahier à dessin peut être utilisé, à condition que le papier ne se déforme pas. L’eau doit être propre et renouvelée souvent, surtout pour les jaunes après avoir utilisé des bleus. Il faut mélanger suffisamment de peinture sur la palette pour obtenir la teinte souhaitée. La teinte peut être testée sur un morceau de papier pour voir si elle correspond. Très souvent, c’est trop aqueux, mais le but doit être de mettre la bonne profondeur de couleur dans la bonne forme, une fois pour toutes. Pour commencer, il faut choisir des choses faciles, comme des rameaux avec des bourgeons gonflés ou de petites feuilles, des fleurs aux couleurs vives, des jeunes pousses, des disamares [fruits à deux ailes, les « hélicoptères »]. La brindille doit être peinte à la bonne largeur d’un seul coup de pinceau et le côté le plus sombre doit être ajouté juste avant qu’elle ne sèche. On peut aussi éviter une ligne dure en passant un pinceau rempli d’eau propre le long de celle-ci. La moitié d’une feuille peut être peinte d’un seul coup de pinceau et le reste avant que la peinture ne sèche. Et si la feuille est dentelée, les dents peuvent être tirées au bord, pendant qu’il est encore humide, avec un pinceau plus fin. Un pinceau fin est également utile pour les touches plus sombres, par exemple là où deux pétales se chevauchent. Mais, en général, un pinceau de bonne taille encourage ce travail plutôt que le dessin en couleur, comme si le pinceau était un crayon. Le pinceau ne doit pas être rempli au point que la peinture coule de la pointe, mais il doit être constamment rechargé à partir de la palette, car la peinture qui reste sur le papier n’est plus dans le pinceau ! La peinture superflue sur le papier peut être enlevée à l’aide d’un papier buvard ou d’un pinceau propre, ou bien elle peut être dirigée vers la partie la plus sombre de la feuille, du fruit, du chapeau du champignon, etc., pour ensuite y sécher.

Il est important de regarder le côté clair de la plante que l’on copie, celle-ci ne doit donc pas être posée à la gauche d’un droitier, car la lumière viendrait de sa gauche et il verrait le côté sombre de son modèle. Celui-ci doit être placé devant lui, aussi droit que possible, sur un fond de la même couleur que son papier à dessin. La lumière ne doit jamais être dans les yeux de l’artiste, mais elle peut venir de derrière lui. Les fleurs blanches sont difficiles pour les débutants, sauf si elles sont représentées contre une feuille. Mais si le côté clair d’une fleur n’a que le fond blanc du papier, il est tout à fait satisfaisant de lui donner un contour fin et sombre. Le temps est trop précieux pour être dépensé à faire des ombres sur le fond. Il serait mieux utilisé pour peindre une autre fleur.

Il faut prendre le temps d’étudier le sujet, et il y a beaucoup de choses à remarquer sur un rameau lorsqu’on le peint : la largeur de la tige, la rigidité ou la souplesse du rameau (par exemple, le frêne par rapport au tilleul), les distances entre les bourgeons, l’angle formé par le bourgeon ou la feuille avec la tige, la forme et la couleur des bourgeons ainsi que du rameau, les vieilles cicatrices des écailles des bourgeons montrant la quantité de rameau qui a poussé en une seule année. Cette occasion d’observer est la principale raison de peindre et n’enlève rien au plaisir de poser le pinceau sur le papier. Plus on prend le temps de réfléchir avant de peindre, meilleure sera la copie produite. Elle sera en elle-même une note sur la nature, avec le nom et la date. Les notes datées ont une valeur permanente qui augmente avec chaque année qui s’ajoute, à condition que les notes soient écrites sur le moment et non plus tard, lorsque l’impression s’est estompée. Elles peuvent confirmer un enregistrement antérieur ou créer un contraste saisissant avec une autre année ou une autre localité. Le lieu où se déroulent les vacances peut avoir un climat et une flore différents de ceux de l’école, si l’un se trouve sur la côte sud, par exemple, et l’autre dans les régions montagneuses du nord, ou si l’un possède de la craie ou du calcaire et l’autre pas. Les dates, en fait, sont si importantes que nous en tenons des listes à part :

  1. une liste de fleurs accompagnée de la première date à laquelle la fleur éclot, disposée en colonnes sur douze mois et qui indique la durée de la floraison de chacune d’elles. Par exemple, la brièveté de la saison du noisetier, de la jonquille, du tussilage et de la plupart des graminées, la régularité avec laquelle le séneçon, la marguerite, le pissenlit, le mouron, l’ajonc, sont inscrits chaque mois dans la liste, le fait que le plus grand nombre de fleurs se trouve en juin, etc. Cela soulage les notes d’un grand nombre de petits détails qu’il faut compiler pour leur donner toute leur valeur.  
  2. une liste d’oiseaux indiquant les sédentaires, ainsi que les dates d’arrivée et de départ des migrateurs, tels que les fauvettes, les martinets et les hirondelles. La liste d’oiseaux peut comporter des colonnes pour inscrire les dates auxquelles le chant a été entendu pour la première fois, la construction du nid a commencé, les œufs ont été pondus et éclos, les oisillons ont pris leur envol. Certaines personnes aiment dresser des listes de mousses et d’hépatiques avec les dates d’éclatement de leurs capsules ou d’émission de leurs spores, et cette liste peut inclure les prêles et autres plantes sporifères.

Les notes écrites porteront principalement sur le comportement des oiseaux, des animaux, des insectes ou des créatures du bord de mer. Voici un exemple de ces dernières :

    6 et 7 avril 1936. J’ai trouvé un tube de ver tubicole de sable d’environ deux pouces de long et parfait. Il était fermé par une membrane en deux morceaux qui ressemblait à une image des cordes vocales ! Une partie du cercle était remplie de fils d’or parallèles. Alors que je tenais le tube dans ma main, ceux-ci se sont élevés en un peigne d’or et le ver a commencé à sortir. Il était orange avec quelques stries rouge-sang sur les deux côtés, et à mesure que le ver émergeait, ses anneaux ressemblaient à des ondulations, d’une belle couleur jaune. Puis, j’ai vu que ces anneaux étaient munis de poils dorés de chaque côté, une paire par anneau, et que chaque poil émergeait d’une fine gaine dorée. L’extrémité inférieure du tube était ouverte et laissait couler de l’eau. Le deuxième jour, le lendemain de la pleine lune, j’ai ramassé un tube de ver de sable vide, mais de pleine longueur et qui avait un fond d’environ un pouce de profondeur (2,54 cm) avec seulement un minuscule trou traversant, comme si la partie de diamètre plus petit était maintenant désertée ! Un seul tube contenait un ver, qui s’est déplacé après avoir été plongé dans une piscine ! De nouveau, les poils dorés semblaient être les fils les plus merveilleux et les plus beaux que j’aie jamais vus. Ils s’arquaient au-dessus d’une sorte de tête ou de lèvre pointue qui bougeait et s’étirait continuellement.

Le tube du ver de sable a été peint en avril 1933, à Dymchurch, dans le Kent.

Lorsque nous avons l’habitude de regarder autour de nous, nous trouvons les plus belles surprises à l’extérieur. Même si nous ne pouvons parcourir qu’une courte distance, des choses que nous connaissons bien peuvent nous émerveiller et nous réjouir, comme les stigmates de l’oseille ou de l’ortie, les graines ciselées dans les capsules de l’oseille, les stipules en forme de croissant et de feuille sur les jeunes pousses d’aubépine. Nous pouvons observer un écureuil, les joues pleines de noix, s’asseoir sur un pin pour en grignoter une, ou trouver les marques de ses dents de devant sur le capuchon d’un champignon. Il est possible de retrouver l’odeur d’un phallacée, ou de distinguer le bulbe de l’ail de celui de la jacinthe sauvage, également par l’odeur. Nous pouvons trouver un insecte sortant de sa chrysalide, une libellule, une mouche, une coccinelle, ou la peau vide d’une mouche de pierre (plécoptère), et nous pouvons aussi voir d’autres insectes comme le papillon se nourrissant d’une fleur. Nous devons prendre soin de ne rien écrire d’autre que ce que nous avons vu ou entendu, senti, goûté ou touché, alors notre réserve de faits augmentera, et nous pourrons parfois en tirer des conclusions.

« En regardant à nouveau le saule pleureur, le 14 mars 1935, j’ai découvert ceci sur ses visiteurs.

Un saule avait sorti ses pistils, dans les carrières de Brathay (Lancashire) après quatre jours de soleil et deux nuits de gelée à quatre degrés. Il y avait un saule staminé à la lisière de la plantation, empli du bruissement des abeilles. Certains chatons étaient sortis depuis longtemps, d’autres étaient frais. Trois fois, un papillon-écaille-de-tortue (vanesse) est aussi venu, ou plutôt, trois papillons-écaille-de-tortue. Les grandes fourmis (des bois) au thorax rouge couraient le long des brindilles et sur les chatons. Il y avait de petites mouches, comme les mouches domestiques, et deux mouches à viande poilues, Sarcophaga carnaria, au thorax rayé bleu et noir. Les « corbeilles à pollen » des abeilles étaient pleines, mais je ne les ai pas vues y mettre le pollen.

Au bord de la route, un mélèze s’étendait au-dessus du champ où je me trouvais, et une de ses roses était cramoisie et brillante, d’autres s’ouvraient. J’ai entendu une chouette pendant que j’étais là-haut et sur le chemin du retour, je l’ai vue voler au-dessus des broussailles ; quelles longues ailes étroites et arrondies elle avait !

Des taches de ce Polytrichum piliferum (mousse) avaient l’air cuivré sur les tuiles d’ardoise usagées. [L’une d’elle était peinte.]

Les pins abattus dans le bois exsudaient de la résine en anneaux, les anneaux annuels, sur les surfaces coupées du tronc, de la branche ou du début d’une racine. Les conduits de résine formaient des cercles de points blancs dans chaque section… Là où l’écoulement de résine avait été abondant, elle recouvrait la surface coupée d’un joint blanc.

Il y avait des plaques de glace sur les bassins de la carrière, tandis que sur la route à l’extérieur, les cônes de sapin Douglas étaient suffisamment béants pour répandre leurs graines.

Quelques-unes de ces graines ont été peintes et ont conduit à la peinture d’autres graines de conifères. »

La norme à atteindre est toujours d’illustrer les notes et d’éviter d’utiliser des mots pour décrire ce qui peut mieux être montré avec le pinceau. Lorsqu’une fleur nous rappelle une autre, il est bon de les peindre toutes les deux – la Jasione à côté de la Scabieuse Mort du Diable, par exemple, ou la Tormentil à côté de la Potentille rampante. La différence entre les feuilles sessiles et pétiolées est comme l’une des distinctions entre la Germandrée et la Véronique des montagnes. Les disamares de l’érable et du sycomore sont sûrs d’être remarqués lorsque les graines sont dispersées, ou ils peuvent être peints parmi les études sur les arbres. Après avoir commencé par une brindille, il est plus intéressant de laisser le reste de la page et une ou deux autres vierges afin de pouvoir compléter l’histoire de l’arbre sur une année. Supposons qu’il s’agisse d’un aulne, car la pousse orangée de l’année dernière avec ses bourgeons lilas, blanchis par la floraison et déjà pourvus de tiges, est un rameau très attrayant à peindre. Ensuite, les chatons sont faciles à peindre avant qu’ils ne soient trop gros et trop lâches. Ce sont les chatons staminés, tous violets et dorés. Les chatons pistillés, aux stigmates cramoisis parmi des bractées violettes, se trouvent probablement sur le même rameau. Il est tout à fait possible d’en peindre un gros avec un petit pinceau, ou de l’agrandir légèrement avec une loupe à main. Plus tard, les chatons pistillés se transforment en gros fruits verts ressemblant à des cônes et, encore plus tard, ils laissent tomber leurs graines. Les chatons secs, bruns, ressemblant à des cônes, restent sur l’arbre pendant tout l’hiver. Ces stades devraient apparaître sur les pages relatives à l’aulne, ainsi qu’un bourgeon qui se déploie avec ses stipules bien visibles, et au moins une feuille adulte. La tentative de peindre la brindille, la feuille, la fleur et le fruit de chaque arbre connu nous amène à nous demander si nous les connaissons tous. Nous trouverons facilement les jeunes plants de hêtre, de frêne, de chêne et de sycomore, et il n’est pas rare de trouver des cerisiers, des aubépines et des houx. Il serait merveilleux de trouver un semis de pin ou de mélèze avec huit cotylédons ou plus. Nous découvririons des faits inattendus sur la durée de vie de certains arbres, en Grande-Bretagne, tels que l’orme commun, le mélèze, le marronnier d’Inde, si nous essayons de limiter nos études de travail au pinceau, aux arbres et plantes indigènes. Il est bon d’avoir une limite, ne serait-ce que pour savoir (à partir du London Catalogue of British Plants) quelles sont les plantes indigènes. Les personnes qui ont commencé à apprendre le latin seraient bien avisées d’incorporer les noms scientifiques des fleurs dans leurs listes de fleurs, car ces noms montrent des relations pour la classification là où les noms anglais ne le peuvent pas. Remarquez, par exemple, dans le genre Stellaria, que le mouron des oiseaux est S. media, le grand mouron des oiseaux est S. Holostea et l’asaret des marais est S. uliginosa, mais les délicieux noms anglais ne donnent aucune idée que ces trois fleurs sont trois espèces d’un même genre. De même, la renoncule flammette est Ranunculus Flammula, la renoncule des prés est R. acris et la célandine flammette est R. Ficaria – des noms qui indiquent une relation évidente à l’œil nu. Les noms scientifiques des papillons de jour et de nuit indiquent souvent les plantes sur lesquelles leurs chenilles se nourrissent et, connaissant les noms des plantes, nous pouvons être en mesure de nommer les chenilles de ces plantes. La chenille bien connue de la teigne du cinabre, Hipocrita jacobææ, se nourrit du séneçon, Senecio Jacobæa. La teigne de la molène, Cucullia verbasci, se nourrit de Verbascum Thapsus. La chenille de la pyrale des bois qui a infesté certaines collines du Westmorland en 1936 détruisit la fétuque des moutons, une des Gramineæ, et elle est nommée Charæus graminis. Le papillon Aurore pond ses oeufs sur la Cardamine, le Lady’s Smock et d’autres Crucifères, et il est nommé Anthocharis cardamines ; et la petite écaille de tortue, Vanessa urticæ, pond ses oeufs et accroche ses chrysalides dorées sur Urtica dioica, l’ortie commune. Les noms scientifiques ainsi que les termes botaniques sont la manière la plus courte d’énoncer les faits et nous aident à condenser nos notes. Un diagramme botanique est également un moyen court d’exposer les faits, mais il convient rarement à un carnet de notes sur la nature. Là, les peintures doivent être des études de la nature, de sorte que nous apprenions « à connaître une plante par son aspect et… sa façon de fleurir ». Une leçon de botanique sur la dispersion des graines nous pousse à chercher d’autres exemples afin de peindre progressivement tout ce que nous pouvons trouver. Car, bien sûr, nous ne ramenons pas à la maison plus de graines que nous ne pensons pouvoir en peindre avant qu’elles ne se dessèchent : cela ne ferait que les rendre rares. Une leçon sur les ombellifères attire l’attention sur les belles tiges de feuilles engainantes de l’angélique, de la berce, du fenouil, de l’herbe aux goutteux. J’avais déjà peint certaines de ces plantes d’année en année lorsque, à l’automne 1940, j’ai appris à reconnaître la saxifrage des bois à ses belles gaines de feuilles roses. Voici quelques exemples de notes prises dans le Hampshire et le Dorset en 1940 et 1941 :

5 juin 1940. Nous avons vu les premières libellules aujourd’hui dans le fond marécageux de la vallée, vers midi : des agrions de mercure bleues et écarlates, et la libellule déprimée [Libellula depressala] bleue à corps plat. C’était fascinant d’observer cette dernière monter et descendre sur une eau calme avec une forêt dressée de branches de prêles. Elle avait un roseau préféré sur lequel se reposer. Une fois, elle s’est entortillée en l’air avec ce qui ressemblait à un compagnon jaune pâle.

8 juin. Trois molènes du jardin sont presque entièrement dévorées par ces belles chenilles (de la molène) que j’ai vues sur le figuier à Trevone (en juillet 1937). Il y en a dix sur une seule plante. (Peinture de la grande chenille).

5 juillet. Sur la route de Salisbury, nous avons déjeuné dans une dépression circulaire dans la craie qui était embellie par du thym sauvage d’une couleur brillante, de l’orpin de Virginie, de l’aspérule des sables écarlate, du mouron des champs pas tout à fait fanée et des chardons communs, sur la tête desquels un papillon écaille de tortue se nourrissait. De tous les séneçons, il ne restait que des tiges nues, et celles-ci étaient envahies de chenilles de teigne du cinabre. Elles se promenaient rapidement sur le sol à la recherche de nourriture et sur nos vêtements. La Douce-amère poussait contre la pente de notre fosse peu profonde et la Bryone blanche débordait des bords par le haut. L’églantier, bien que court, était d’une belle couleur sur tout le sol.

15 juillet. Sur la lande de Scotland Heath, les grandes cosses de la petite vigne ont attiré mon attention, et il restait quelques pousses fleuries. (Illustrations d’accompagnement des deux et d’une demi-cosses ouverte.) Puissions-nous l’appeler « l’aiguille qui pleure » ! Les épines sont très pointues, chacune à l’aisselle d’une feuille et portant elle-même des feuilles. Les fossés asséchés sont recouverts des deux espèces de rossolis. Je n’ai jamais vu autant de Drosera longifolia. Toutes les fleurs étaient en boutons sur les deux espèces. Les pédoncules des inflorescences étaient très longs pour la taille de la rosace de feuilles.

13 août. Dans la lande, il y avait ces joncs très minces qui se trouvent habituellement dans l’eau, Rynchospora alba (peint), et de grandes flèches fructifères d’orchis des marais. Les couleurs des fruits de la bruyère ciliée et de l’asphodèle des marais (peinture) étaient magnifiques, soutenues par la fougère verte et le bleu des collines de Purbeck. Le rossolis à feuilles rondes avait une fleur ouverte et des fruits en dessous (peinture). Un traquet a croisé notre chemin. Nous sommes ensuite allés sur une autre route et avons vu six gentianes des marais, toutes fermées. A cet endroit, la vergerette bleue poussait au bord de la route. La sécheresse n’est pas favorable aux gentianes. Il y a une semaine, je ne pouvais atteindre aucune des Rynchospora pour les observer. Aujourd’hui, j’ai pu marcher sur tout le terrain où elle poussait et sur les sphaignes et les asphodèles des marais. Les trois carpelles de l’orchis des marais sont joints par leurs bords et ont trois crêtes placentaires à l’intérieur. (Un fruit peint et une section.) Les trois crêtes extérieures sont leurs nervures médianes. Les graines sont infiniment petites et innombrables, comme je l’ai remarqué dans l’Epipactis, 7.11.27. Elles aussi sont allongées. Les fruits de l’asphodèle des marais ont des placentas axiles.

20 août. Nous nous sommes promenés dans le petit bois de pins vers midi, et là, un oiseau a volé assez furtivement à travers les arbres. Les ailes étaient plutôt d’un brun vif, tachetées, chacune ayant une barre claire à l’extrémité, et toute l’aile plate comme une lame. Il était de la bonne taille pour un engoulevent, alors nous l’avons suivi pour voir s’il se reposait le long d’un rameau plutôt qu’en travers. Bien sûr, c’était le cas, et je l’ai regardé s’envoler, se poser à nouveau, et s’envoler à nouveau. L’attitude sur le rameau, la tête bien enfoncée entre les épaules, c’était très clair, et les longues ailes ressemblaient à celles d’une hirondelle. Le chien l’avait probablement dérangé sur le sol. Je l’ai perdu de vue dans un pin très touffu.

1er septembre. Juste après le coucher du soleil, j’ai vu le sphinx colibri se nourrir de la valériane à éperon rouge. La trompe était si longue qu’à peine la moitié de celle-ci m’était cachée par la fleur. Les antennes étaient longues et bien visibles, et les ailes bougeaient si rapidement que je ne pouvais voir que la couleur orange des ailes postérieures. Je suppose donc que les ailes antérieures se déplaçaient plus rapidement. L’extrémité de l’abdomen était noire et blanche. C’était un petit papillon pour un sphinx colibri. Plus tard, posé sur un mur, il est passé inaperçu.

2 septembre. Nous avons vu le sphinx colibri en plein soleil à 13h30. Connaissant la couleur des ailes, il était plus facile de les détecter à travers le frémissement, contre la valériane blanche.

6 septembre. Dans le même creux où nous avons déjeuné le 5 juillet, on trouve maintenant des plantes rabougries de gentiane des champs avec de belles étoiles violettes à gorge frangée. Il y a des baies sur la Douce-amère. Certains séneçons ont repoussé.

10 octobre. Trois des feuilles perdues par le fuseau ont été coupées par une abeille coupeuse de feuilles. Un sphinx colibri est entré à l’intérieur à l’heure du thé pendant une averse. Il est apparu dans l’encadrement de la fenêtre, où la vigne vierge cramoisie s’amincit rapidement, et a plané un moment. Puis il a été attiré par les luminaires électriques et se repose maintenant contre la porcelaine du plafond.

22 octobre. Avant le petit déjeuner, les arbres aux couleurs d’automne se sont illuminés d’une lumière rosée pendant un bon moment, et tout oiseau, pigeon ou mouette, qui s’élevait dans la lumière devenait tout rouge. Nous nous sommes promenés dans une plantation de pins au-delà de Bushey, où le champignon le plus commun était un bolet brun-jaunâtre avec une tige jaune et un chapeau lisse qui n’est visqueux que lorsqu’il est mouillé. Il y en avait de différentes tailles. Il y avait une espèce différente avec un grand anneau et un chapeau violacé couvert de mucus. (1) Des Tricholoma rutilans, comme on pouvait s’y attendre, poussaient magnifiquement sur les souches abattues, bien que plusieurs étaient déformés. Il y avait un grand nombre de champignons jaunes sur et autour des souches, qui étaient sans doute des (2) Flammulahybrida. J’ai ramassé un chapeau de grand diamètre d’une grappe aussi jaune qu’une touffe soufrée, et cela semblait être un Clitocybe avec une tige sombre. Il y avait des plaques (3) d’amanite tue-mouches et il y en avait énormément, plus tôt. Un Lactarius rouge était probablement un L. rufus, car il était âcre (quand on le goûtait). Il y avait un groupe de trois ou quatre Lactarii de la couleur d’un coucher de soleil avec des anneaux concentriques de couleur rouille sur le chapeau. Lorsqu’on en coupa une section, il répandit un jus orange brillant. (Il a été peint et nommé plus tard : L. deliciosus.) Un (4) Collybia radicata poussait près de cette plante avec une bordure très arrondie sur le chapeau. Sur le bord du chemin, nous avons vu plusieurs fois les bractées frangées en grappe de Thelephora laciniata. (5) Le Laccaria laccata était vraiment rouge dans ce bois.

L’imprécision de la dernière note sur les champignons est due à l’absence de livres que j’aurais dû consulter pour connaître les noms des espèces qui m’étaient nouvelles. Mais, même sans livres, les peintures que nous faisons nous apprennent l’essentiel de ce que nous pouvons apprendre sur un champignon. Nous pouvons les nommer plus tard, lorsqu’un livre est disponible, si nous avons également montré par une coupe comment les branchies rejoignent la tige, pris une empreinte de la couleur des spores, noté le sol ou le bois ou toute autre substance sur laquelle le champignon a poussé, s’il était solitaire ou regroupé, s’il était sec ou collant, parfumé ou fétide.

Lorsque j’ai commencé l’étude des champignons, ma foi dans le carnet de la nature, qui permet d’accumuler des faits intéressants à partir desquels on peut éventuellement tirer des conclusions justes, a été confirmée. J’ai dressé une liste sur du papier quadrillé de tout ce qui avait été noté à Ambleside, en laissant des colonnes pour les dates pour neuf années consécutives. Et j’en ai peint autant que j’ai pu, surtout les espèces les plus rares. Peu à peu, il est devenu évident que de nombreuses espèces apparaissaient aux mêmes endroits année après année, en particulier sur le terrain de Scale How. Certains sont apparus pendant plusieurs années consécutives, puis ont disparu complètement. Un est apparu sur le site d’un feu de joie et n’a pas été revu pendant plusieurs années, jusqu’à ce qu’il surgisse à un tout autre endroit, où il y avait aussi eu un feu de joie, et a ainsi été correctement nommé : Flammula spumosa.

Les débutants apprendraient de la même manière, à partir de leurs listes de fleurs, quelles sont les plantes rares et quelles sont les plantes communes. Le premier jour du mois, vous pouvez dresser une liste de toutes les plantes, arbres et herbes en fleurs et les noter dans la liste. Une liste des dates auxquelles les papillons de jour et de nuit sont vus pour la première fois en train de voler montre que ceux qui passent l’hiver au stade de la chrysalide émergent à peu près à la même date chaque année, comme le Citron et l’Aurore, par exemple. Ceux qui volent au premier jour ensoleillé de mars, comme la Petite tortue, ont hiberné.

Les insectes ne sont pas faciles à peindre car il faut que les deux côtés soient identiques. Mais aucun enfant ne devrait jamais être dissuadé d’essayer de peindre ce qu’il souhaite parce que ses aînés trouvent cela difficile.

Il y a des enfants qui peuvent peindre d’excellents portraits de fleurs avant de savoir écrire. Et alors, les notes doivent être écrites sous leur dictée.

Peu importe qu’elles soient courtes. Par exemple :

« 13 mars 1941. J’ai vu une abeille de ruche sur le crocus pourpre pendant que je désherbais.

14 mars. La distance entre les deux planètes a visiblement augmenté.

15 mars. Le long de la route de Tyneham, le saule discolore est doré par endroits, et vert derrière le château.

16 mars. Hier, j’ai vu le dos d’un papillon écaille de tortue sur la route de Wych et aujourd’hui, j’en ai vu un de face à l’école. Le pouillot véloce chantait dans le jardin ce matin, le troisième jour consécutif de beau temps et de soleil. Sur le terrain communal, une parcelle de cresson des murailles est sortie, les fleurs ressemblent à de l’ivoire sur des tiges et des rosaces brunes.

17 mars. Pic vert assis sur une clôture près de Dunshay.

18 mars. De nombreuses violettes des bois sont sorties dans l’herbe à Westhill, ainsi que des quantités de drave et de cresson des murailles. Pouillot véloce encore. La Véronique à feuilles de lierre est plus bleue sur le chemin d’Olvye que dans le jardin et elle a des fruits mûrs. »

Il se trouve que chacun de ces six jours ont offert quelque chose à noter, mais il n’est pas nécessaire d’écrire quelque chose quotidiennement. Il serait cependant mille fois dommage qu’un enfant ne voie pas quelque chose de notable, chaque jour d’un mois comme celui de mars.

La note du 14 mars fait allusion à Jupiter et Saturne, qui ont été visibles tout au long de l’hiver dans les constellations des Poissons et du Bélier. C’était une bonne période de l’année pour apprendre à connaître de vue les premiers signes du Zodiaque, le bélier, le taureau, les gémeaux et le lion, dont certains faisaient l’arrière-plan de Jupiter et Saturne.

25 août 1940. La nuit dernière, j’ai vu la lune se lever après et sous les deux planètes. Ce matin, j’ai vu Vénus à 4 heures du matin au même endroit, deux heures avant le lever du soleil dans les Gémeaux.

21 septembre. À 22 heures, la lune s’était levée quelque temps après Jupiter et Saturne. La nuit dernière était nuageuse, alors que nous aurions dû les voir rapprochés. Cette nuit, le ciel est très clair, et j’ai vu Fomalhaut dans West Street pour la première fois. Arcturus ne s’était pas couché.

13 octobre. Ce matin, vers 6 h 20, j’ai vu les trois planètes : Jupiter et Saturne dans un ciel nuageux à l’ouest et Vénus se levant à l’est. Environ une demi-heure plus tard, Vénus a atteint le sommet du clocher de l’église.

17 octobre. Tard dans la nuit, la Lune, une journée apres la Pleine Lune, est si proche de Jupiter qu’elle obscurcit Saturne par sa lumière.

1er novembre. Je me suis réveillé vers 6 heures du matin et j’ai vu Vénus parmi les étoiles. L’anse de l’Ourse et Arcturus, qui vient de se lever, étaient à sa gauche et le Lion au-dessus, elle doit donc être en Vierge.

4 novembre. De nouveau après une forte pluie, les étoiles sont magnifiques avec un croissant de lune de cinq jours. Elle est en Sagittaire. J’ai vu Arcturus qui ne s’est pas couché, Fomalhaut qui se lève et Jupiter et Saturne sous le Bélier. Jupiter était en opposition le 3 (voir l’Almanach de Whitaker).

22 novembre. En rentrant chez moi au crépuscule, j’ai vu Jupiter et Saturne se lever dans un ciel clair, en face du coucher de soleil jaune, vers 17 h 50. Les étoiles n’étaient pas visibles avant 18 h 30. J’ai juste entrevu Arcturus avant qu’elle ne se couche dans un creux dans les collines.

15 décembre. Vénus était basse et très brillante, dans le Scorpion, je suppose, et au sud se trouvaient Arcturus et Spica, le Lion se dirigeant vers l’ouest et commençant à être pâle.

1er février 1941. La lune est en Poissons. Pégase se couche à 21 h 30 et les deux planètes, plus proches l’une de l’autre que la dernière fois que je les ai vues, sont maintenant visibles au sud-ouest.

4 février. La lune forme un triangle isocèle peu profond avec les deux planètes, se trouvant en dessous et au-delà de Saturne lorsque je l’ai vue à 23 heures.

20 février. Jupiter et Saturne étaient très proches l’un de l’autre à 21 heures hier soir et semblent être dans le Taureau maintenant. Aldébaran et les Pléiades étaient en face de ma fenêtre ouest.

3 mars. Le croissant de lune était plutôt proche des planètes sur leur gauche cette nuit et les deux planètes sont sensiblement plus éloignées. Le ciel occidental est magnifique avec le Taureau, Orion, Sirius et Procyon.

30 mars. Le premier croissant de lune s’est couché dans un ciel clair, juste au-dessous de Saturne, maintenant à une grande distance de Jupiter. Les Pléiades sont au-dessus de Jupiter, et Orion à gauche.

Ces notes n’ont été écrites que par plaisir à l’époque, mais en les comparant, certains faits astronomiques deviennent clairs. Les trois dates du 4 février, du 3 mars et du 30 mars, espacées chacune de vingt-sept jours, donnent le retour de la Lune dans cette partie du ciel où Jupiter et Saturne restent comparativement immobiles parce qu’ils sont très éloignés de la terre. L’enregistrement, le 22 novembre, du lever de Jupiter au coucher du soleil est significatif, car il était en opposition au début du mois, c’est-à-dire qu’il se trouvait du côté opposé de la terre par rapport au soleil et qu’il s’est levé au coucher du soleil comme une pleine lune. Lorsque les planètes et la lune sont parmi les étoiles les plus brillantes, il est intéressant de faire une carte de leurs positions à chaque nuit claire et de démontrer ainsi les mouvements des planètes. Vénus, en tant qu’étoile du matin, se lève au fur et à mesure que le jour se lève, et est visible longtemps après que les étoiles se soient éteintes. Mais lorsqu’elle est une étoile du soir, on peut la voir se déplacer rapidement par rapport aux étoiles, par exemple lorsqu’elle se trouve sous le grand carré de Pégase, comme c’est souvent le cas en février. Il est facile d’évaluer sa position à partir des angles de deux étoiles du carré et de la reporter sur une carte des étoiles.

Nous pouvons juger du mouvement des étoiles dans le ciel, dû à la rotation de la Terre, en une seule soirée en nous asseyant à un endroit précis, en face de la fenêtre ; en une heure, il est facile de voir qu’Orion ou Sirius ont changé de place par rapport aux barreaux de la fenêtre. En effet, en l’espace d’une heure, il est facile de constater qu’Orion ou Sirius ont changé de place par rapport aux barreaux de la fenêtre. En observant à la même heure pendant plusieurs soirs, on constate également que les étoiles se lèvent un peu plus tôt chaque nuit en raison du voyage de la terre autour du soleil. C’est pourquoi, depuis votre fenêtre ouest, vous pouvez voir Orion loin sur la gauche au moment du coucher en février, alors qu’en mars, il est juste en face dès la tombée de la nuit. Au lieu de recopier laborieusement une carte des étoiles, il est bon de choisir une partie du ciel et de montrer comment une constellation conduit l’œil à une autre, comme la Grande Ourse pointe vers l’étoile polaire, Procyon et Sirius forment un grand triangle avec Bételgeuse dans Orion, ou comment la ligne de Véga à Arcturus passe par Hercule et la Couronne boréale. Si l’on observe dans l’obscurité, les positions peuvent être piquées sur du papier avec une épingle. Une telle carte peut être inscrite dans le carnet de la nature comme un enregistrement des étoiles déjà reconnues.

Lorsqu’il s’agit d’enregistrer des éclipses, il est préférable d’utiliser des disques représentant le soleil ou la lune et l’ombre qui s’y glisse, de la taille d’un six-pence. Il peut y avoir une série de disques, comme ceux qui apparaissent souvent dans les journaux le lendemain de la prise de photos, et l’heure que chacun d’eux représente doit être soigneusement marquée à côté.

En dehors de l’astronomie, la règle devrait être de peindre en grandeur nature, la taille elle-même étant une note relative à la nature. Dès que l’on exagère la taille ou que l’on la diminue, on ne peut plus se fier à l’enregistrement. Si le spécimen a été agrandi à l’aide d’une loupe, il faut le noter à côté : les capsules de mousse, les sections de fruits, les nids d’araignées, les petits insectes ou leurs carapaces vides doivent être agrandis car le détail est important. En général, la taille de la peinture est limitée à la taille du bloc à dessin. Certains aulx, ou graminées, ont des tiges très hautes, et ils peuvent être délimités par une coupure au milieu entre la fleur, portée par son morceau de tige, et le bulbe dont une partie beaucoup plus épaisse s’élève – ou une partie de la tige de l’herbe qui montre la base de la feuille et le ligament. Les peintures telles que les énormes champignons qui ont besoin de beaucoup d’eau seraient peut-être mieux réalisées sur un bloc à dessin. Mais il est préférable que vous découvriez ces choses par vous-même, en gardant à l’esprit que c’est l’étude que nous consacrons aux détails véridiques qui importe, car elle nous apporte de nouvelles connaissances. Le temps passé à embellir des titres, qui sont suivis de blancs, aurait dû être utilisé à peindre d’après nature. Ainsi, les embellissements tels qu’une page de titre en couleur ou un titre pour chaque mois ne devraient être autorisés que par ceux qui ont beaucoup de notes sous les titres ! Mais les enfants devraient tenir leurs carnets Nature avec aussi peu de critiques que possible, et celles-ci devraient être présentées de manière positive comme des éloges pour ce qui est bien fait. Les enfants qui ont constamment l’occasion de profiter des beautés de la Nature montrent à quel point ils sont extrêmement observateurs, leur perception dépassant de loin la nôtre.

Les citations des poètes sont l’expression la plus juste de nos propres sentiments à l’égard de la Nature. Les vers choisis spontanément lors de la lecture et de la récitation quotidiennes de poèmes peuvent être inscrits, non pas comme un substitut aux notes individuelles, mais comme un beau complément à celles-ci.

Les personnes qui ont eu le privilège de vivre dans le Lake District aiment naturellement les vers de Wordsworth qui suivent :

“…Sachant que la Nature n’a jamais trahi
Le cœur qui l’aimait ; c’est son privilège
A travers toutes les années de notre vie de nous amener
De joie en joie, car elle informe ainsi
L’esprit qui est en nous, l’imprègne ainsi
De calme et de beauté, et le nourrit
De nobles pensées, que ni les mauvaises langues,
Ni les jugements hâtifs, ni les ricanements des hommes égoïstes,
Ni les salutations où il n’y a pas de gentillesse, ni tous
Les mornes échanges de la vie quotidienne,
Ne pourront jamais prévaloir contre nous, ou perturber
Notre foi joyeuse que tout ce que nous voyons
Est plein de bénédictions.

Version française de l’article publié par Charlotte Mason Poetry avec leur autorisation. (Traduction ©2021 Charlotte Roman, Révisions Sylvie Dugauquier)

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