Note d’Ambleside Online : Dorothea Beale, 1831-1906, était réformatrice de l’éducation. Elle commença sa carrière en tant que professeure de mathématiques. Comme Charlotte Mason, elle était profondément religieuse et fonda une école normale.
Par Dorothea Beale, directrice du Cheltenham Ladies’ College
Parents’ Review n°2 pp. 81-90
Enseigne-nous à bien compter nos jours, afin que nous appliquions notre cœur à la sagesse. [Psaume 90:12]
Jusqu’où cette petite bougie répand-elle ses rayons ?
La façon dont nous allons commencer à enseigner l’histoire est un sujet très controversé. Je pense que l’enseignant pragmatique dira que rien n’égal l’Antiquité – le début de notre monde – pour éduquer les enfants d’aujourd’hui. Les délicieux récits, par exemple, de l’Odyssée, tels qu’ils sont racontés par Hawthorne dans ses « Livres des Merveilles », ou les histoires d’Arthur et de Charlemagne, que le véritable artiste – celui qui aime les petits – sait raconter avec plein de petits détails, constitueront la meilleure base de l’histoire pour l’enfant ; ils développent l’imagination et l’empêchent de devenir ennuyeux comme la pluie.
Mais, d’autre part, il y a beaucoup à dire sur l’opinion de l’empereur Guillaume qui a annoncé récemment que les enfants devraient commencer par leur propre époque et lire l’histoire à rebours. Nous voulons que l’histoire soit réelle pour les enfants, et non pas quelque chose de lointain qui n’existe que dans les livres ; nous voulons montrer que la vie de chaque enfant fait partie de l’Histoire ; alors nous pourrons l’amener à voir que le monde entier est différent pour chaque être humain, meilleur pour chaque noble vie, et à sentir très tôt que Dieu l’a envoyé dans le monde avec une mission, et que son travail est d’accomplir cette mission. En mettant la vie de l’enfant en relation immédiate avec l’histoire de son temps, nous nous efforçons de l’aider à comprendre à mesure que ses facultés de réflexion se développent. Nous devons toujours veiller à ne pas stimuler prématurément les sentiments moraux et religieux. « Il s’est élevé comme une faible plante » [Esaïe 53:2] : tel est l’idéal de l’enfant parfait, et l’enseignement de Froebel était un sermon basé sur ce texte. Mais le véritable éducateur, lorsqu’il plante les premières graines de la pensée sur un sujet quelconque, n’oublie pas les développements futurs, sans pour autant les présenter à l’esprit de l’enfant.
L’objectif d’une Union Éducative à laquelle appartiennent à la fois les parents et les enseignants est, comme je le comprends, de nous aider à mieux voir comment l’école et la maison peuvent travailler ensemble et se compléter mutuellement. Je me propose donc d’expliquer un système, utilisé depuis longtemps dans notre collège, mais qui convient encore mieux à l’enseignement à domicile qu’à l’école, du moins à ses débuts.
La Méthode mnémonique polonaise est très appréciée en France. Elle a été portée à ma connaissance il y a plus de trente ans, et utilisée pour la première fois au Queen’s College de Londres. Elle peut être adaptée à diverses fins, mais je vais m’attarder sur ses applications en tant qu’enregistrement du temps, et montrer les différentes façons dont elle peut être utilisée par les jeunes enfants, bien qu’elle soit également adaptée à « Tom Brown à Oxford »1 (qui semble l’avoir utilisée) et à l’étudiant en histoire. On peut en faire pour les petits un système de leçons d’objets, de hiéroglyphes, si l’on veut, qui font appel à l’imagination enfantine et l’aident à se rendre compte de la proportion des choses et, tout en regardant le monde, comme chacun d’entre nous doit le faire, de son propre « point de mire », à voir la vie en relation avec celle des autres.
La pratique consistant à représenter visuellement, au moyen de diagrammes, les faits de la science, physique et sociale, devient de plus en plus courante ; nous avons des graphiques de lignes dentelées indiquant la fluctuation des vents ou des stocks : dans un dossier américain qui m’a été envoyé, des carrés de couleur représentaient des milliers d’enfants fréquentant l’école avec assiduité et des carrés noirs représentaient les milliers d’enfants défaillants. Par de tels procédés, nous pouvons voir d’un coup d’œil ce que l’esprit a du mal à réaliser autrement. Le système auquel je me réfère est de même nature, mais adapté au temps. Puisque 100 ans sont à peu près la limite de la vie de l’homme, et que nous parlons généralement de siècles en histoire, nous prenons pour une biographie, ou pour l’histoire, un carré divisé en 100 carrés qui se lit comme une page de dix lignes. Ainsi :
Ceci peut représenter la vie d’un homme ou celle d’un siècle. Pour un petit enfant, il devrait représenter d’abord la vie d’un homme, car nous devons procéder du connu vers l’inconnu, pour sa propre vie. Le premier carré représente le temps qui précède l’âge d’un an, c’est-à-dire l’année « zéro » de sa vie ; le deuxième carré représente le temps où il a un an, et nous marquons les carrés en conséquence. La première ligne donne la première décennie de la vie, dans la deuxième ligne nous avons toutes les dizaines, dans la troisième toutes les vingtaines, et ainsi de suite ; tandis que, en regardant verticalement vers le bas, nous avons dans la première rangée tous les nombres se terminant par zéro ; dans la deuxième ceux se terminant par un, et ainsi de suite. Un enfant apprend très vite à lire le nombre correspondant à n’importe quelle case du siècle ; une ligne un peu plus épaisse est tracée au centre pour aider l’œil, et il est facile de se rappeler que le cinquantième carré vient juste après la ligne horizontale centrale et le cinquième après la ligne verticale centrale.
Dès que l’enfant est capable de comprendre, je trace un tel carré et je le place dans un petit cadre vitré avec un dos amovible ; il serait judicieux que le cadre soit rectangulaire, afin qu’il y ait de la place sur le côté gauche pour inscrire quelques anniversaires. Ensuite, je mettrais les événements de la vie de l’enfant. Permettez-moi de donner un exemple. Mary a quatorze ans. En haut du cadre figure « Mary Jones, 20 décembre 1876 ». Dans le premier carré du tableau de Mary se trouve une petite étoile jaune : une nouvelle vie vient de naître, et de la peinture jaune pâle recouvre les quatorze premiers carrés, pas encore le quinzième, qui correspond à l’année en cours. Dans le quatrième carré se trouve une autre étoile : Harold a fait son apparition, et son anniversaire est dans la marge. Dans le carré suivant, il y a un cercle noir, comme une éclipse solaire : c’est la mort de grand-père. L’année suivante, la vie scolaire commence pour Mary au jardin d’enfants – aurons-nous une petite plante qui sort à peine de terre ? Un bateau racontera l’année où papa et maman sont partis en Inde et ont laissé leurs enfants ; un autre, dans la direction opposée, racontera leur retour quelques années plus tard.
Sur la ligne suivante, Marie entre dans sa onzième année ; elle a dix ans, et en a fini avec les unités. Elle doit maintenant aller au collège ; mais avant qu’elle n’y aille, le premier matin, son tableau est sorti de son cadre, on y dessine peut-être une porte, ou quelque chose de plus symbolique, on inscrit le jour dans la marge, et on lui adresse quelques mots de prière pour qu’elle puisse y apprendre des choses qui la rendront vraiment sage ; et à chaque anniversaire, les carrés blancs diminuent, de nouveaux événements sont ajoutés, la lumière jaune s’étend sur une case supplémentaire.
Je suis sûre que les parents concevront de très beaux horoscopes qui pourront remplacer ces merveilleuses broderies encadrées d’autrefois, que leurs enfants auront la joie de regarder plus tard, en se souvenant de chaque anniversaire supplémentaire, des peines et des joies qui y sont notées, des prières de la famille pour chaque nouvelle naissance, et des mariages.
Lorsque l’enfant a appris à se servir d’un tel tableau, il peut être amené à intégrer ce document personnel dans l’histoire du monde. Nous pouvons maintenant commencer à parler de siècles. Il sera facile pour les enfants de penser au siècle comme à un homme qui meurt à cent ans – qui meurt à la dernière minute de l’année 99. La vie de la Reine pourrait alors être placée dans le siècle, ce qui permettrait de la mettre en relation avec la vie de l’enfant. Tous se souviendraient du Jubilé2. « C’était quand Mary avait dix ans ; elle a vu les illuminations. » Elle peut compter sur le tableau cinquante ans en arrière, jusqu’en 37, et y placer une couronne. Ensuite, on pourrait raconter les débuts de la vie de la Reine, et tous les incidents familiers qui donnent aux personnages historiques une vie personnelle (les principaux sont marqués dans les cases appropriées) : par exemple, le mariage de la Reine, la naissance et le mariage de l’Impératrice Victoria, la naissance et le mariage du Prince de Galles, la mort du Prince Albert, etc.
Plus tard, ce que l’on appelle les événements historiques, par opposition aux événements biographiques, sont mis en évidence : par exemple, la guerre de Russie, la révolte des cipayes, la première grande exposition, et des événements contemporains frappants. L’histoire de la vie de la Reine implique celle de son prédécesseur, son oncle marin William3, et ainsi de suite, en remontant jusqu’à George, son grand-père ; la bataille de Waterloo amène Napoléon, la Révolution, etc.
J’ose penser qu’un enfant qui commence l’histoire de cette façon – non pas à la Création, ni même à l’ère chrétienne, mais à sa propre « nativité » – la comprendra mieux que s’il essayait d’examiner le monde à partir de n’importe quel autre « point » du temps.
Lorsqu’un siècle sera ainsi traité, je placerai devant l’enfant une carte, où les dix-huit siècles chrétiens sont rassemblés ainsi à petite échelle avec quelque caractéristique pour lui donner une individualité :
Plus tard, nous devrions faire un tableau semblable à plus grande échelle, et avec de la place pour noter les événements importants. Nous utilisons des tableaux colorés pour les différentes périodes de l’histoire de l’Angleterre, par exemple l’occupation romaine ou les différentes maisons royales. Quatre périodes de cinq siècles chacune constituent de bonnes divisions pour l’histoire. La première ligne correspond à la période qui va, grosso modo, d’Auguste à la chute de Rome, incluant la période d’occupation romaine en Angleterre. La deuxième ligne correspond à la colonisation barbare – les tribus se transforment en nations. Sur la troisième ligne, nous avons, approximativement, la période médiévale. Sur la quatrième ligne, l’histoire moderne.
Cette approche, qui consiste à présenter une carte de l’histoire selon le point de vue des parents, a le grand avantage de permettre à une mère cultivée et instruite de faire un excellent travail, c’est-à-dire d’atteindre les objectifs de l’école, sans avoir cette connaissance approfondie de l’histoire que seul le professeur est censé posséder. Ainsi, la mère ou la sœur, avec le tableau sous les yeux, peut choisir la période ou l’événement qui lui est le plus familier ; la structure de l’outil empêchera les événements, qui sont donnés hors de leur ordre chronologique, d’être mélangés dans la mémoire. Il faut une puissance de réflexion considérable pour comprendre les relations temporelles dans l’histoire. « Lord Wolseley, » dit une jeune fille à qui sa seigneurie montrait gentiment des objets qu’il avait rapportés d’Egypte – « Lord Wolseley, avez-vous connu ce Pharaon ? » « S’il vous plaît, madame, dit une jeune servante à sa maîtresse, avez-vous connu la reine Elizabeth ? » Si, dès le début, les choses sont bien placées, la préparation à l’enseignement méthodique de la vie scolaire et universitaire ultérieure est assurée.
Supposons que la mère ait lu « Eastern Church » de Stanley. Elle pourrait décrire de façon dramatique le Concile de Nicée, ou des scènes de la destruction du cinquième siècle, qui est particulièrement bien décrite dans « Fall of Rome » de Shepherd, et rendue vivante dans le récit de « Hypatia » de Kingsley. En relation avec la deuxième ligne, nous trouvons les légendes d’Arthur, des Carolingiens et d’Alfred, la vie de Mahomet, la formation des futurs États européens, prêts à devenir la « chrétienté » et capables de s’unir dans une guerre commune contre le même ennemi. L’essai de Sir James Stephen sur Hildebrand [le pape Grégoire VII] donnera vie au onzième siècle ; l’installation définitive des hommes du Nord en Angleterre, telle qu’elle est relatée dans la tapisserie de Bayeux, intéressera jeunes et vieux. Viennent ensuite les histoires des croisés. Au treizième siècle, nous avons l’histoire de Saint Louis si bien racontée par le Sieur de Joinville. « L’Histoire de France » de Michelet donne des récits très intéressants de la croisade des Albigeois sous la direction de De Montfort. Vient ensuite la fondation des ordres des Frères, l’Armée du Salut de cette époque, et la mise à mort des Templiers. Plus tard, les pièces de Shakespeare, les romans de Scott, tout y trouvera sa place. Le livre « Eighteen Christian Centuries » de James White est d’une valeur inestimable pour de telles leçons et, surtout, il ouvre l’appétit. Le style pesant de Gibbon ne convient pas du tout aux jeunes, sans parler d’autres inconvénients, mais il existe un abrégé utile : le « Latin Christianity » de Milman. Par ailleurs, des livres tels que « Cameos » et « Landmarks » de Miss Yonge, ainsi que de nombreux récits historiques, seront précieux.
Passons maintenant aux fournitures. Pour les enfants plus âgés, je fais préparer un petit livre qui contient beaucoup de choses que je ne peux pas aborder dans un article. Mais je donne aux plus jeunes des feuilles vierges, qu’ils peuvent peindre et colorier, et pendant un certain temps, nous les laissons seulement marquer les événements importants de l’histoire anglaise ; au début, ils dessinent des pictogrammes très distincts, et colorient les différentes périodes du tableau. Dans ce cadre, nous pouvons ensuite introduire les événements contemporains à l’étranger. L’enfant apprend d’abord les types de symboles anglais, comme il apprend la forme d’une constellation.
En France, il est utilisé des perles mobiles pour signaler les différents événements ; j’ai trouvé cette idée excellente pour les jeunes enfants à la maison. Ou bien les enfants peuvent indiquer les événements avec le crayon. Nous pouvons ensuite faire un jeu avec un certain nombre d’enfants qui essaieront de placer le plus rapidement possible les dates convenues sur le tableau – des pions blancs, noirs, et d’autres couleurs représentant les différents souverains, etc. ; ou les pièces d’un jeu d’échec : les rois et reines pour les souverains, les tours pour les sièges, les fous pour les ecclésiastiques, les cavaliers pour la guerre, les pions pour les hommes célèbres. Les élèves plus âgés aiment se créer un tableau illustré. J’en ai un qui représente le règne de la reine Marie ainsi : 1553, son accession, avec l’image de la Tour, où Northumberland et d’autres furent envoyés ; 1554, un bloc décrivant les exécutions consécutives à la rébellion de Wyatt, et une colombe tenant une branche d’olivier pour illustrer l’intercession de Philippe pour Elizabeth ; 1555, il y a une image d’un martyr sur le bûcher, et une main en flammes pour Cranmer ; 1557, un parchemin représente la première alliance en Écosse, et une épée la guerre contre la France ; 1558, un cœur avec le mot Calais nous rappelle les paroles de Marie, et une couronne marque l’accession d’Élisabeth.
Pour les élèves plus âgés, qui lisent une courte période, nous avons des cahiers réglés sur une plus grande échelle, en dix lignes ; ils peuvent écrire en toutes lettres tout ce qu’ils veulent retenir et acquièrent ainsi la connaissance des dates sans les apprendre.
Je donne en annexe [voir ci-dessous] un exemple de tableau du seizième siècle. La couronne peut représenter l’avènement d’Henri VIII, d’Édouard VI, de Marie, d’Élisabeth ; ici nous avons des portraits. Il y a le divorce d’Henry en 1553, après quoi se succèdent rapidement, en onze ans environ, cinq mariages, deux exécutions de reines, et celles de Fisher, More, Cromwell, et autres. Le règne d’Elizabeth est marqué par l’Armada, la bataille de Zutphen et la mort de Sir Philip Sydney ; et sur la première ligne, une importante décennie littéraire – la première publication des trois livres de « The Faerie Queene » ; les premiers poèmes et les premières pièces de Shakespeare ; les Essais de Bacon et « Ecclesiastical Polity » de Hooker. La Fleur de Lys symbolise les rois de France, François Ier, Henri II, l’époux de Catherine de Médicis, et ses trois fils. Enfin, l’avènement d’Henri IV.
La croix de Malte représente l’avènement du saint empereur romain, Charles V, et de ses successeurs. Le croissant, la progression du pouvoir mahométan en Europe sous Soliman le Magnifique, et en Inde sous Babur. Les poignards indiquent l’assassinat du duc de Guise, le massacre de la Saint-Barthélemy et l’assassinat de Guillaume d’Orange, suivi peu après par celui d’Henri III. Dans l’histoire de l’Église, les croix correspondent à la Diète de Worms, à la suppression de la Compagnie de Jésus par le pape, au concile de Trente et à l’édit de Nantes, qui marqua la pacification temporaire de la France.
Tous ceux qui ont essayé ce système s’accordent à dire qu’il est précieux comme base de l’enseignement de l’histoire. Les principaux avantages de ce système par rapport à toute autre memoria technica sont les suivants :
- Il forme un cadre qui, dès le début, évite que les événements ne deviennent désordonnés dans la mémoire : le cadre peut être construit à différentes échelles, peu fourni au début puis complété progressivement.
- Il peut être adapté à n’importe quel but : histoire politique, histoire de l’église, histoire littéraire, progrès des découvertes scientifiques.
- Il montre en un seul coup d’œil l’histoire contemporaine de différents pays, et pourtant…
- Il est compact dans sa forme, de sorte qu’on le mémorise facilement.
- Même si on ne se rappelle pas la date précise d’un événement, sa position générale dans le tableau devient aussi familière à l’esprit que les positions relatives des lieux sur une carte de l’Europe.
Je suis sûre que ceux qui ont appris dans leur jeunesse à utiliser ce tableau ne le délaisseront jamais et, lorsqu’ils réfléchiront à la philosophie de l’Histoire, ils trouveront que la façon dont les événements se présentent à l’œil de l’esprit est très utile et suggestive. Le temps des « Mangnall’s Questions », du « Brewer’s Guide » et des « Pinnock’s Catechisms »4 est révolu dans le milieu de l’éducation, et nous avons appris à sentir que le travail principal de l’éducateur n’est pas de donner des faits, mais de les ordonner pour qu’ils puissent s’adapter aux « formes de la pensée ».
Dans le beau mythe avec lequel plus d’un poète de notre époque nous a familiarisés, on nous raconte que Psyché, au cours de ses pérégrinations, fut mise à l’épreuve dans le palais d’Aphrodite ; là, elle lui assigna la tâche de trier un énorme tas de grains de variétés différentes. Sa diligence et son obéissance lui permirent de revoir celui qu’elle avait perdue à cause de son impatience infidèle : le Dieu de l’Amour. C’est là, peut-être, l’un des enseignements du mythe : la joie suprême est de connaître l’amour, mais la vision de Dieu ne peut être atteinte que par une patiente discipline, une connaissance ordonnée grâce à laquelle ce qui ressemble au chaos se transforme en un Kósmos5, et alors nous serions capables de « penser les pensées de Dieu après Lui »6.
Annexe (tableau et légende) :
Note de la traductrice :
1 « Tom Brown at Oxford » est un roman de Thomas Hughes publié en 1861. Il constitue la suite du roman plus connu « Tom Brown’s School Days ». L’histoire suit le personnage de Tom Brown au collège fictif de St Ambrose, à Oxford. Le roman offre une impression vivante de la vie universitaire au milieu du XIXe siècle.
2 Référence au Jubilé d’or de la reine Victoria, célébré le 20 juin 1887, marquant les cinquante années de règne de la reine Victoria sur le trône du Royaume-Uni.
3 William IV en anglais (Guillaume IV en français). Ayant servi dans la Royal Navy dans sa jeunesse, son peuple lui donna le surnom de Sailor King (« roi marin »).
4 Les « Mangnall’s Questions », « Brewer’s Guide » et « Pinnock’s Catechisms » sont des livres d’instruction pour les enfants contenant des questions et des réponses sur de nombreux domaines de connaissance.
5 Grec ancien κόσμος, kósmos, en français « cosmos », signifie « bon ordre, ordre de l’Univers ».
6 Citation de Johannes Kepler (1571-1630), mathématicien, astronome et astrologue allemand. Par là, il exprimait le fait que nous devons essayer d’être guidés par le Mental Divin quant à son intention pour le monde et au rôle que nous pouvons jouer dans la réalisation de cette intention.
Version française de l’article publié par Ambleside Online. (Traduction ©2023 Maeva Dauplay. Relecture : Charlotte Roman)