Note de la traductrice : Emeline Petrie Steinthal, 1855-1921, était une sculptrice, peintre et co-fondatrice de la P.N.E.U. avec Charlotte Mason. Elle était mariée à Francis Steinthal. Ils avaient quatre enfants. Le texte intitulé « A First Lesson in Modelling », écrit par Mrs. F. Steinthal, est publié dans le volume 2 de 1891/92 de The Parents’ Review, aux pages 290-292. Ce texte est une leçon d’introduction à la sculpture destinée aux jeunes élèves âgés de cinq à neuf ans. Il décrit les outils et le matériel nécessaires pour enseigner la sculpture à un jeune élève, ainsi qu’une méthode étape par étape pour fabriquer un petit modèle de chaussure en argile.

Par Mrs F. Steinthal
Parents’ Review, vol. 2, 1891/92, pp. 290-292

Avant d’aborder le sujet de mon article, je tiens à préciser qu’il ne concernera que l’enseignement de la modélisation à de très jeunes élèves, disons de cinq à neuf ans. Pour les étudiants plus âgés qui souhaitent commencer et poursuivre cette activité des plus fascinantes, je recommande Primer of Sculpture de M. Roscoe Mullins, un petit livre admirablement conçu et très clairement rédigé.

Nous devons nous assurer que tout notre matériel est prêt avant notre première leçon, afin de pouvoir travailler sans entrave lorsque notre petit élève arrive. Il est possible de se procurer de l’argile de très bonne qualité chez Terra-cotta works, Hele Cross et chez Torquay pour cinq shillings les cent livres. La moitié de cette quantité suffira à nos petits pendant un certain temps. Les outils sont très peu nombreux. Les meilleurs sont ceux que possède chaque enfant, à savoir ses doigts et ses mains. M. Mullins recommande M. Dadge, 28, Winchester Road, South Hampstead. Toute personne ayant appris le Sloyd peut copier les outils, à condition d’en acheter deux ou trois à titre d’exemple.

Nous avons également besoin d’une planche solide pour travailler. Une vieille planche à pâtisserie fait très bien l’affaire. Pour compléter le matériel nécessaire, nous avons besoin d’un morceau de flanelle. Nous le tremperons dans l’eau et le placerons sur l’œuvre une fois la leçon terminée.

Le lecteur se demande peut-être à ce stade où trouver ou acheter le modèle à copier. Nous possédons tous des modèles et le petit élève n’a pas besoin de quitter sa propre chambre ou la nurserie pour en trouver un.

Maintenant que nous avons l’argile, les outils et la planche prêts pour notre premier travail, le petit s’assoit avec impatience en attendant le jeu dont il est sûr qu’il surpassera même le plaisir des jeux de pâte et de boue. Il a l’air amusé lorsque vous lui demandez sa propre chaussure ou celle de bébé, la plus usée étant la meilleure, et que vous lui demandez ensuite d’en faire une en argile en lui disant que lorsqu’elle sera terminée et cuite, elle pourra être un cadeau pour maman et contenir ses fleurs.

Il prend un morceau d’argile de la taille d’une prune entre son pouce et son index, et le place sur la planche, en le pressant seulement avec le pouce (l’argile devient dure et sèche lorsqu’elle est malaxée de tous les côtés, ce que les enfants ont généralement tendance à faire). Il prend ensuite un deuxième morceau et le joint au premier, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’il ait la taille de la semelle et environ un quart de pouce d’épaisseur. (Lorsqu’une pièce est destinée à être cuite, il faut tenir compte de la rétraction).

L’enfant lisse son morceau d’argile avec le pouce jusqu’à obtenir une surface parfaitement plate. Ensuite, à l’aide d’un outil, nous découpons la forme de la semelle en prenant pour guide la partie inférieure de la chaussure. Nous formons ensuite un boudin entre les deux mains. Mettez-le sur la planche et aplatissez-le avec le pouce. Lorsque le boudin est aussi fin que le modèle, découpez une bande droite de la largeur des côtés [cette bande correspond à la partie en cuir de la chaussure, c’est-à-dire le mur autour de la semelle]. Humidifiez le bord de la semelle avec de l’eau, soulevez les côtés et pressez la bande soigneusement autour de la semelle, en la rejoignant à l’arrière. Si la bande ne s’avère pas assez longue, l’élève ne doit pas s’inquiéter. Il doit se mettre au travail et en faire une deuxième qu’il joindra en pressant les deux extrémités ensemble. L’enfant a maintenant une semelle bordée d’un mur tout autour et il se peut que cette déformation le dérange. Il doit tourner le talon vers lui et presser la partie où se trouvent les orteils plus près de la semelle, en laissant les côtés droits. Il y aura deux morceaux d’argile inutile de chaque côté, qu’il faudra prendre entre le pouce et l’index des deux mains, presser l’un contre l’autre et briser. Faites un autre petit boudin, pressez-le, aplatissez-le et placez-le à l’endroit où vont les lacets, en faisant bien sûr un trou sur le côté droit et en roulant un petit bouton à mettre sur l’autre côté. Le bouton doit être humidifié avant d’être fixé. L’élève doit se rappeler que la chaussure n’est pas neuve et comme il doit toujours être très sincère lorsqu’il travaille pour Madame Art, il doit relever le bout de la chaussure et modeler deux ou trois petits plis que bébé a faits en rampant, de sorte que maman saura tout de suite que c’est une reproduction de la chaussure de son cher petit bébé et qu’elle embrassera l’artiste pour ce cadeau. Il ne lui reste plus qu’à faire un tout petit boudin entourant le haut et à lisser les côtés avec ses pouces – qu’il aura humidifiés en appuyant sur une éponge mouillée – et la chaussure sera prête. Détachez-la de la planche avec une ficelle tenue dans les deux mains, et laissez-la sécher. Si vous avez accès à un four à briques à proximité, mettez-y la chaussure pour la cuire. Sinon, la cuisinière vous laissera peut-être la mettre dans un four très chaud. Comme la chaussure est petite, elle peut être assez résistante ? pour contenir de l’eau et des fleurs. 

Ceci est tout à fait suffisant pour une leçon, et peut éventuellement s’étendre à deux leçons. Si vous devez manipuler l’argile à nouveau, n’oubliez pas qu’il faut la recouvrir d’un linge humide pour la garder souple.

Si le petit artiste montre une aptitude naturelle au modelage et prend plaisir à travailler, il peut copier des bottes, des berceaux de poupées, des chaussures de poupées, des chevaux et toutes sortes de jouets. Après cela, il serait sage de commencer un travail plus sérieux. Pour cela, je recommanderais, dans l’ordre, le nez, l’œil et la bouche du David de Michel-Ange, dont les moulages peuvent être obtenus dans le sud auprès de Brucciani, Covent Garden, et dans le nord auprès d’Alberti, 1, Oxford Road, Manchester. Ces deux entreprises vendent d’excellents modèles de têtes d’animaux, à 6 pence chacun, qui font la joie et le bonheur des garçons et des filles.

Version française de l’article publié par Ambleside Online. (Traduction ©2023 Fannie Poulin. Relecture : Maeva Dauplay)

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