Dans les épisodes précédents, nous avons rapidement couvert les 20 principes de la philosophie CM, le rôle de l’enseignant selon elle, les outils dont nous disposons pour éduquer nos enfants sans les brimer ou les manipuler ainsi que le pouvoir de la science des connexions. Dans l’épisode que nous vous présentons aujourd’hui, nous parlerons de ses 11e, 12e et 13e principes, principes qui parlent de livres vivants. Bonne écoute !

CITATIONS

11.Nous croyons que l’esprit de l’enfant normal a toutes les capacités qui lui sont nécessaires pour traiter toutes les connaissances qui lui conviennent. Nous devons lui offrir un programme éducatif généreux,et nous assurer que toutes les connaissances qui lui sont présentées sont vivantes; à savoir que les faits ne sont jamais présentés sans leur contexte. De cette croyance viennent les principes que:

12.« L’éducation est la science des relations », c’est-à-dire que l’enfant a des relations naturelles avec un grand nombre de choses et d’idées. Nous le formons donc à l’aide d’exercices physiques, d’étude de la nature, de travaux manuels et autres artisanats, de science, d’art et de nombreux livres vivants, car nous savons que notre responsabilité n’est pas de tout lui apprendre sur tout, mais de l’aider à valider, autant que faire se peut « les affinités innées qui modèlent notre nouvelle existence aux choses existantes.»

13.Pour l’élaboration du programme d’un enfant normal, peu importe sa classe sociale, nous devons tenir compte de ces trois points: (1) Il a besoin d’une grande quantité de connaissances, car tout comme son corps, son esprit a besoin de nourriture en quantité suffisante.(2) Les connaissances doivent être variées, car une diète mentale monotone ne crée pas d’appétit, c’est-à-dire de curiosité. (3) Les connaissances doivent être communiquées avec un langage bien choisi, car l’attention est naturellement sollicitée par ce qui est transmis dans un langage littéraire.

Préface de la série Home Education

« L’une des conséquences du principe que l’éducation est la science des connexions est qu’aucune éducation ne mérite le nom d’éducation si elle n’a pas fait en sorte que les enfants se sentent chez eux dans le monde des livres, les ayant ainsi rendu familiers avec des penseurs remplis de connaissances. Nous rejetons les versions abrégées, les compilations et leurs semblables, et mettons des livres vivants entre les mains des enfants, qu’ils soient courts ou longs. »

Mason, C. School Education, p. 226

« Laisser l’enfant recevoir la viande dont il a besoin dans ses lectures historiques (à l’opposé de la diète insipide des livres adaptés aux enfants), et dans les oeuvres de littérature qui tournent naturellement autour de ces périodes historiques, et son imagination sera éveillée sans aucune intervention de notre part. »

Mason, C. Home Education, p. 295

« Ce genre de littérature de piètre qualité pour les enfants, à la fois dans les histoires et les livres de leçons, est le résultat d’une processus réactionnaire: Il n’y a pas si longtemps, on croyait que les enfants avaient une faible capacité de compréhension mais une mémoire prodigieuse des faits. De l’information à petite dose comme des dates, des nombres, des règles et des catéchismes de connaissance étaient considérés comme étant parfaits pour l’éducation des enfants. Nous avons changé tout cela et avons mis entre les mains de nos enfants de livres de leçons avec de belles images et du langage facile, des livres presque aussi bons que des livres d’histoires. Mais nous ne voyons pas qu’après tout, nous leur donnons les mêmes petites pilules de connaissance sous la forme d’un diluant faible et copieux. Les enseignants, et même les parents, qui font pourtant suffisamment attention à la diète de leurs enfants, sont si imprudents en ce qui concerne la diète mentale qui est offerte aux enfants que j’ai très hâte d’aborder le sujet des leçons et de la littérature appropriées pour ces petites personnes. » 

Mason, C. Home Education, p. 176-77

« Je parle maintenant de ses livres de leçons, qui sont trop susceptibles d’être écrits dans le style d’insupportables âneries, probablement parce que leurs auteurs n’ont jamais eu la chance de rencontrer des enfants. »  

Mason, C. Home Education, p. 229

« En littérature, nous avons des fins définies en tête, à la fois pour nos propres enfants et pour le monde à travers eux. Nous souhaitons que nos enfants puissent se réjouir et se ressourcer par l’entremise du goût et de la saveur d’un livre. Et par livre, nous n’entendons pas que les feuilles imprimées et reliées mais toute oeuvre possédant certaines qualités littéraires qui sont en mesure de susciter chez le lecteur le plaisir des sens par des mots convenablement exprimés. La triste vérité est que nous sommes en train de perdre la joie que nous avions en la forme littéraire. Nous sommes tellement empressés de connaître des faits ou d’être titillés par des théories que nous ne prenons plus le temps de nous attarder sur une simple élaboration de pensée. Mais c’est une erreur puisque les mots ont la puissance de nous enchanter et de nous inspirer. Si nous n’étions pas myopes comme des taupes, il y a longtemps que nous aurions découvert une vérité pourtant très claire dans la Bible, à savoir que ce qui est dit avec perfection ne peut plus jamais être redit et devient dès lors un pouvoir vivant dans le monde. Toutefois, en littérature, tout comme en art, nous demandons plus qu’une forme simple. De grandes idées ruminent au-dessus du chaos de nos pensées et celui qui arrivera à exprimer ce que nous pensons en silence nous apparaîtra comme un enseignant envoyé par Dieu. » 

Mason, C. Parents and Children, p. 262-63

« Un livre peu être court ou long, vieux ou neuf, facile ou difficile, écrit par un auteur de renom ou non, et être pourtant le livre vivant qui atteindra l’esprit d’un jeune lecteur. Un expert (du milieu de l’éducation, par exemple) n’est pas la personne qui doit choisir (ces livres); dans ce cas-ci, les enfants eux-mêmes sont les experts. Une simple page suffira pour rendre un verdict et malheureusement, une fois le verdict rendu, l’enfant ouvre ou ferme la porte de son esprit. » 

Mason, C. School Education, p. 228-229

« Nous avons fait une découverte plutôt étrange: l’esprit refuse d’apprendre quoique ce soit si ce qui lui est présenté n’est pas sous une forme littéraire quelconque. Il n’est pas surprenant que cela soit vrai des enfants et des gens habitués à une atmosphère littéraire mais que cela soit le cas d’enfants ignorants de quartiers pauvres nous amène à considérer ce comportement curieux de l’esprit. Il est possible pour des personnes de « passer à travers » les plus arides des manuels scolaires et de mémoriser suffisamment des notions en mathématiques pour passer un examen mais ces accomplissements ne semblent pas toucher la région de l’esprit.» 

Mason, C. Towards a Philosophy of Education, p. 256

« Et par livre, nous n’entendons pas que les feuilles imprimées et reliées, mais toute oeuvre possédant certaines qualités littéraires qui sont en mesure de susciter chez le lecteur le plaisir des sens par des mots convenablement exprimés. La triste vérité est que nous sommes en train de perdre la joie que nous avions en la forme littéraire. Nous sommes tellement empressés de connaître des faits ou d’être titillés par des théories que nous ne prenons plus le temps de nous attarder sur une simple élaboration de pensée. Mais c’est une erreur puisque les mots ont la puissance de nous enchanter et de nous inspirer.» 

Mason, C. Parents and Children, p. 263

« Encore une fois, nous savons qu’il y a un entrepôt de pensées dans lequel nous retrouvons toutes les grandes idées qui ont changé le monde. Nous sommes, par-dessus tout, impatients de donner la clé de cet entrepôt à l’enfant. On dit que les méthodes d’éducation actuelles ne créent pas de lecteurs. Nous sommes déterminés à faire aimer la lecture aux enfants et donc, nous ne nous interposons pas entre le livre et l’enfant. Nous lui lisons son Tanglewood Tales (un livre de Nathaniel Hawthorne) et, quand il est un peu plus âgé, son Plutarque, en n’essayant pas de le diviser ou de le diluer afin que l’esprit de l’enfant puisse s’occuper de ce qui lui est présenté comme il le peut. » 

Mason, C. Parents and Children, p. 232

« La bonne, au lieu de tirer et d’arracher, prit ses ciseaux, coupa les cordons, enleva les papiers, et Sophie put prendre la plus jolie poupée qu’elle eût jamais vue. Les joues étaient roses avec de petites fossettes ; les yeux bleus et brillants ; le cou, la poitrine, les bras en cire, charmants et potelés. La toilette était très simple : une robe de percale festonnée, une ceinture bleue, des bas de coton et des brodequins noirs en peau vernie.» 

Comtesse de Segur, Les malheurs de Sophie, p. 1, texte disponible à l’adresse suivante: https://www.atramenta.net/lire/les-malheurs-de-sophie/2885/1#oeuvre_page

« Il est crucial de comprendre que vivant ne veut pas dire histoire, et que si c’est de cette façon que nous avons entraîné notre appétit, alors nous passerons à côté du merveilleux festin que nous offrent les livres vivants. C’est un peu comme manger un délicieux Mac and cheese fait maison; si c’est notre définition de cuisine italienne, alors notre diète sera grandement déficiente, n’est-ce pas? Aussi délicieux soit-il, un Mac and cheese ne représente pas à lui-seule toute la cuisine italienne. De la même façon, même si certains livres tournent autour d’une histoire, ce n’est qu’un élément de la définition de livre vivant que Charlotte Mason nous a donnée. L’aspect le plus important est qu’il fournit des idées vivantes à l’esprit. Ces idées viennent sous forme de faits, mais ils sont bien présentés, de façon descriptive, bien écrits, etc. »

Emily Kiser, auteure du podcast ADE

« Je crois que le concept de livre vivant est souvent limité à un récit, une histoire. C’est pourquoi les romans de fiction historique nous semble très vivants comparativement à des livres non-narratifs offrant un survol historique. Mais les livres vivants sont vivants de différents façons: ce qui rend un livre vivant est la façon dont son auteur s’identifie au lecteur. Est-ce qu’il parle au lecteur? Est-ce qu’il utilise un vocabulaire captivant? Encourage-t-il le lecteur à se creuser la tête et à réfléchir à des idées? Est-ce que le livre est écrit par un auteur qui est passionné et qui a une connaissance profonde du sujet? Toutes ces choses pointent vers un livre vivant.» 

Laura Mercon, modératrice sur le groupe Charlotte Mason Soirée

RESSOURCE ADDITIONNELLE

Voici un aide-mémoire en format PDF que vous pouvez consulter pour vous aider à déterminer si un livre est vivant ou non. Cliquez ici pour télécharger 

Pour l’ensemble des épisodes, nous tenons à remercier les animatrices du podcast anglophone A Delectable Education, Emily, Liz et Nicole, qui nous ont généreusement permis d’être nos muses!

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