Note de Charlotte Mason Poetry par Art Middlekauff : Le mois dernier, nous avons partagé le premier chapitre de « La nature au fil de l’année » de Florence Haines, un livre utilisé dans les programmes du PNEU depuis de nombreuses années. Comme nous partageons aujourd’hui le deuxième chapitre, nous avons pensé qu’il serait utile de fournir quelques informations sur la façon dont cette ressource a été utilisée par les éducateurs Charlotte Mason. J’ai décidé d’utiliser un format de « questions/réponses” :

1. Pourquoi ce livre a-t-il été assigné pour les Forms I à IV ?

Charlotte Mason a écrit : « il est attendu des élèves qu’ils produisent beaucoup de travail à l’extérieur ; pour cela ils sont aidés par The Changing Year [ndlr : Titre original de Au fil des saisons], une admirable étude, mois après mois, de ce que l’on peut voir à l’extérieur »[1], ce qui indique que l’objectif premier est le « travail à l’extérieur ». Le livre est un moyen d’atteindre cet objectif. Si le livre est lu mais que les enfants restent à l’intérieur, l’objectif n’est pas atteint.

2. Qui lit le livre ? Le professeur en privé, l’élève en privé, ou le professeur à la classe ?

Il ressort, de The Parents’ Review, que ce livre était lu à haute voix par l’enseignant à la classe. Par exemple, en 1925, un enseignant d’une école utilisant les programmes du PNEU a écrit :

Certaines de mes leçons les plus intéressantes ont été celles que j’ai lues à la classe. J’ai vu mes élèves se bousculer les uns les autres, pour ainsi dire, dans leur empressement à ne pas manquer un mot, lorsque je lisais des livres tels que
The Changing Year, The Age of Fable, Architecture, English Literature. L’un de mes professeurs tient sa classe de cette manière pendant la lecture du livre Ourselves sur le thème de la citoyenneté [2].

De plus, du vivant de Mlle Mason, H.W. Household a écrit sur la méthode employée dans ses écoles :

Les enfants possèdent-ils tous ce livre ? Pas tous. Certains, comme les « Vies » de Plutarque et « The Changing Year », sont destinés à être lus à haute voix, par l’enseignant, aux enfants [3].

3. Que faisait-on après la lecture du livre ?

Les programmes disent systématiquement que The Changing Year est destinée à aider les « études spéciales », qui étaient apparemment des études en plein air, et qui différaient légèrement de la promenade habituelle dans la nature. Il semble que les promenades ordinaires dans la nature étaient généralement spontanées et non dirigées. Par exemple, Agnes Drury écrit :

Dire à un enfant que nous allons faire « une promenade sur les oiseaux » ou « une promenade dans la Nature » sont plutôt à déplorer, car nous prenons tout ce qui se présente sur notre chemin et lui accordons l’attention et la considération qu’il mérite [4].

Contrairement à cette approche ouverte, une étude spéciale avait un objectif spécifique. Par exemple, le programme 92 du formulaire III (1922) comprend cette instruction :

Pour le travail à l’extérieur, choisissez une étude spéciale : bourgeons de feuilles, cotylédons, etc. The Changing Year, de F. M. Haines (Wadsworth 3/-) …

De même, le programme 95 de la classe II (1923) stipule :

Faire des études spéciales de janvier à mars avec des dessins et des notes (rameaux, semis, etc.) : The Changing Year, de F. M. Haines (Wadsworth 3/-), peut être utilisé.

Il semblerait donc que le livre The Changing Year donne des conseils et de l’inspiration pour l’étude, en fonction des saisons, d’éléments spécifiques de la nature.

Il convient de noter que « étude spéciale » n’est pas un terme technique réservé uniquement au travail sur la nature. L’expression est aussi parfois utilisée dans les programmes de la section Dessin. Par exemple, le programme 92 de la Forme III (1922) comporte cette ligne :

The Fésole Club Papers, par W. G. Collingwood (épuisé), Choisissez des études spéciales. Illustrations de scènes de la littérature. Étudier, décrire (et dessiner de mémoire les détails de) six reproductions de tableaux de Jan Steen et Gerard Dou (Bureau P.N.E.U., 2/- le lot).

4. Qu’est-ce que l’élève produit pendant une « étude spéciale » ?

Tout porte à croire que les observations faites pendant les études spéciales étaient écrites et dessinées dans le journal de la nature de l’élève. Par exemple, le programme 97 de la Form II (1923) dit ceci :

Faire des études spéciales de septembre à décembre avec des dessins et des notes…

Les élèves devaient tenir des journaux de la nature contenant des dessins et des notes ; il est probable que les recherches effectuées dans le cadre des études spéciales étaient consignées dans ces mêmes carnets, ainsi que les dessins et les observations notés lors de sorties plus spontanées dans la nature.

En résumé, il semble donc que l’enseignant lisait un chapitre de ce livre à la classe, puis choisissait un ou plusieurs éléments à étudier. Les élèves allaient ensuite enquêter, en faisant des dessins et en prenant des notes dans leurs journaux. Nous espérons que notre voyage à travers The Changing Year vous inspirera à faire de même.

Par Florence M. Haines
La nature au fil de l’année, pp. 9-16

« Enfin survint le glacial Février, installé,
Car chevaucher il ne pouvait, dans un vieux char
Tiré par deux Poissons, ainsi le voulait la saison,
Qui glissaient au gré de l’onde,
Qu’ils fendaient doucement ; mais, à ses côtés, il avait
Sa charrue et son harnais pour labourer les champs,
Et des outils pour tailler les arbres avant que l’orgueil
D’un Printemps hâtif ne les obligeassent à bourgeonner de nouveau. »
-Spenser.

Ce poème nous rappelle qu’avant le changement de calendrier en 1752 [en Angleterre, cette année là, le début de l’année fut fixé au 1er janvier et non plus fin mars], « l’année du Seigneur dans cette partie de la Grande-Bretagne appelée Angleterre, commençait le 25e jour de mars ». Février clôturait jusqu’alors l’année, tout comme le fait décembre aujourd’hui, bien que ce dernier porte encore la trace de sa position originale de dixième mois dans son nom : decem, dix ; comme novembre était le neuvième, novem, et octobre le huitième. A l’origine, le calendrier romain ne comptait que dix mois, janvier et février ayant été ajoutés plus tard. Le nom de ce dernier est dérivé de la fête romaine de purification et d’expiation, les Februales, que l’on célébrait vers la fin de ce mois. Longfellow y fait allusion dans son Poet’s Calendar.

« Je suis la purification et la mer est à moi.
Je lave les sables et les falaises par ma marée ;
Mon front est couronné de branches de pin ;
Les poissons glissent devant les roues de mon char,
Par moi, toutes les choses impures sont purifiées ;
Par moi, les âmes des hommes sont de nouveau immaculées.
Et, dans les tombes peu enviables de ceux qui sont morts,
Sans un chant funèbre, je les lave de toute tache. »

Les noms saxons pour ce mois étaient Solmonath (mois du soleil), en allusion à l’augmentation de la lumière et de la chaleur ; et “Sprout-kele” [chou frisé] selon Verstegen [Richard Verstegen, auteur anglais du XVIIe siècle]. Le chou kale, le chou frisé et le chou pommé étaient des plantes plus importantes dans les temps anciens qu’aujourd’hui. Verstegen explique que “par “kele” [chou/herbe], nous entendons “kel wurt” [wurt pour potage], écrit ensuite “cole wurt”, qui sont des potages de choux cuisinés par nos ancêtres. Le bouillon était aussi appelé “kele”, car avant d’avoir emprunté aux Français le nom de “potage” et celui “d’herbe”, l’un s’appelait “kele”, dans notre propre langue, et l’autre “wurt”. Et, comme ce “kele wurt” (ou potage d’herbe) était le principal potage d’hiver et la nourriture principale de cette saison pour le cultivateur, c’était la première “herbe” qui, dans ce mois, commençait à produire de jeunes pousses saines, et par conséquent on lui donna le nom de “sprout-kele”. Cette herbe n’était pas seulement considérée comme bonne par nos ancêtres, tant pour la nourriture que pour la guérison, mais les anciens Romains lui portaient aussi une telle estime. Pendant les six cents ans où Rome fut sans guérisseurs, la population avait l’habitude de planter de grandes quantités de ces choux, qu’ils considéraient à la fois comme de la nourriture et de la médecine car, tout comme ils mangeaient le chou pour se nourrir, ils buvaient l’eau, dans laquelle il était cuisiné, tel un remède pour toutes sortes de maladies. Nous lisons dans The Battle of Otterbourne (une ballade populaire écossaise) :

“Mais il n’y a ni pain ni chou,
pour nous nourrir, mes hommes et moi, “

Le mot “cabbage” [chou en anglais] provient du français normand “caboche tête” ; il est peut-être lié au vieux français boce, bosse, ou au latin caput, tête. Le mot “kale” est proprement restreint aux membres de la famille des choux qui ne forment pas de têtes compactes, comme le chou ordinaire, ou ne donnent pas de fleurs charnues, comme le chou-fleur, ou le brocoli ; mais au sens large, “kale” représente toute espèce de chou, et par extension, comme dans le verset cité ci-dessus, toute sorte de soupe, ou même le dîner dans son ensemble, tout comme nous regroupons à la fois les aliments et les boissons sous le nom de “thé”.

La vieille devise exhorte Février à

« remplir la digue
Soit avec du noir soit du blanc ;
Mais si c’est avec du blanc
C’est plus aidant ».

et ce dicton renchérit:

“février remplit les fossés, c’est à mars de les assécher.”

La neige est considérée par les agriculteurs comme apportant des bienfaits plus importants que la pluie, et on peut s’attendre à de meilleures récoltes après une couche de neige. Les habitants de la Normandie ont le proverbe suivant :

« Février neigeux, été avantageux”

L’expression “Février remplisseur de digues” peut sembler déconcertante pour un habitant du sud de l’Angleterre, où une digue, comme en Hollande, signifie un talus, un monticule ou simplement de la terre. Mais dans le nord, le mot conserve son sens premier, et les fossés creusés par les agriculteurs, pour drainer leurs champs, sont partout connus sous le nom de digues. Tennyson parle d’ailleurs des poissons “des digues de cristal de Camelot” (dans Geraint and Enid : conte gallois, connu en français sous le titre de Gereint, fils d’Erbin).

Dans le calendrier républicain français, les jours compris entre le 20 janvier et le 18 février étaient regroupés sous le nom de Pluviôse (pluvieux), et le mois suivant, du 19 février au 20 mars, était Ventôse (venteux). Février, comme janvier, doit garder sa réputation de temps hivernal, car :

« Février rigoureux effraie les frileux. »

et

« Pluie de février vaut jus de fumier. »

tandis que :

« Mieux vaudrait voir un loup dans son foyer
Qu’un homme en chemise en février. »

ou

« Si la Chandeleur est agréable et claire
en un an, on connaîtra deux hivers. »

ou, comme le disent les Écossais,

« Si le jour de la Chandeleur est sec et clair,
la moitié de l’hiver est encore à faire ;
si le jour de la Chandeleur est humide et mauvais,
la moitié de l’hiver, à Yule s’en allait. »

Sir Thomas Brown, dans ses Vulgar Errors, donne la rime latine équivalente ;

« Si sol splendescat Maria purificante
Major erit glacies post festum quam fuit ante, »

(Si le soleil brille sur Marie purificatrice
Il y aura plus de glace après la fête, qu’il y en eut avant)

La veille de la Chandeleur, les vents se disputent la mainmise, car

“Là où le vent se trouve le jour de la Chandeleur,
il y restera jusqu’à la fin du mois de mai.”

Sauf si c’est le vent d’est qui l’emporte ; dans ce cas, heureusement, il ne soufflera que jusqu’au 2 mai. On nous dit que, autant les oiseaux chanteront avant la Chandeleur, “autant ils pleureront après”. Et les Français disent : “A la Chandeleur toutes les bêtes sont en horreur” (A. de Soland dans Proverbes d’Anjou nous l’explique ainsi : à cette époque, les animaux ont le poil hérissé par le froid). Ce jour-là, nous dit-on, l’Ours fait une nouvelle sieste et le Blaireau sort de son trou. Si le soleil brille, il se retire à nouveau, mais s’il trouve de la neige, il se lève et sort se promener, car l’hiver sera alors bientôt terminé.

Le Blaireau, ou “Brock”, de son ancien nom anglo-saxon (Meles taxus ou vulgaris), est commun sur le continent, mais rarement vu en Angleterre. M. J. E. Harding nous dit que ce n’est pas parce que, comme beaucoup de gens le pensent, l’animal serait très rare, ou en voie de disparition car, en réalité, dans de nombreuses parties du pays, le blaireau n’est pas du tout inhabituel, et dans certains districts, il est même en augmentation, grâce aux mesures de protection qui lui sont accordées. La raison de sa prétendue rareté est double : d’une part, la nature de ses refuges, qui se trouvent généralement dans les recoins profonds des grands bois, des terriers de renards et des carrières ; et d’autre part, la nature de ses habitudes, qui sont timides et discrètes, et principalement nocturnes. La particularité du Blaireau est l’imbrication de sa mâchoire inférieure dans le crâne, ce qui lui permet d’avoir une prise très puissante, faisant de cet animal un adversaire redoutable. L’appâtage du blaireau, ou “le tir au blaireau”, a été interdit par une loi du Parlement en 1850. Dans ce sport ( ? ), l’animal, gardé dans un tonneau prévu à cet effet, était attaqué par des chiens terriers. Il s’y battait férocement jusqu’à ce que, vaincu par la supériorité du nombre, il soit tiré de son abri, où il était immédiatement ramené pour se reposer et récupérer, prêt pour la prochaine performance. Chaque établissement de classe inférieure gardait son blaireau, et les expressions “draw a badger” et “badger” une personne [= harceler une personne] témoignent de la popularité de ce sport, tout comme les noms de  Brockenhurst, ou Brockley … qui rappellent l’ancienne présence de l’animal dans ces localités.

Le Blaireau n’est pas le seul animal hibernant qui s’aventure à sortir ce mois-ci. On aperçoit le Loir et la Chauve-souris ; les papillons de la Piéride, le Paon-du-jour ou même la Vanesse, qui prennent le soleil par temps doux. Le Bourdon et la Mouche domestique sont réveillés, et avec eux cet ennemi de la ménagère prudente, la Teigne commune des vêtements. Les Chenilles, elles aussi, qui ont dormi tout l’hiver, se réveillent et commencent à se nourrir. Les Escargots et les Limaces quittent leurs repaires d’hiver, le Grillon des champs, le Mille-pattes et le Cloporte sont réveillés. Les Vers de terre qui, pendant les jours de gel, étaient recroquevillés dans leurs trous souterrains, sont maintenant actifs. Les Abeilles s’affairent dans les coupes ouvertes des Crocus, la jolie petite Coccinelle apparaît, l’Araignée étend sa toile de soie, le Triton quitte son lieu de sommeil, la Corise se tient en équilibre à la surface de l’eau, et vers la fin du mois, les étangs sont bruyants du coassement du Crapaud et de la Grenouille. Si nous avons de la chance, certains diraient plutôt de la malchance, nous pouvons croiser une Vipère, lovée sur un rocher ensoleillé. La petite Vipère (Vipera ou Pelias berus) est moins commune que la Couleuvre-à-collier (Tropedonotus natrix) et se distingue facilement par la rangée de carrés noirs, disposés en diagonale, qui court au centre de son dos, alors que la Couleuvre-à-collier est marquée de taches irrégulières. La tête est également de forme différente, triangulaire chez la Vipère, et dépourvue des taches blanches sur le cou qui ont donné son nom à la Couleuvre-à-collier. La Vipère est beaucoup plus petite que la Couleuvre-à-collier, dépassant rarement trente centimètres de longueur. De plus, elle est très timide.

La ponte du Crapaud se trouve dans les étangs peu profonds environ quinze jours avant celle de la Grenouille, et alors que les œufs de la Grenouille sont déposés en masses gélatineuses qui flottent à la surface de l’eau, ceux du Crapaud forment une sorte de ficelle gélatineuse qui s’entortille parmi les herbes aquatiques. Les petits œufs noirs sont disposés par couples, ce qui donne à la ficelle l’aspect d’un collier.

Le jour de la Saint-Valentin, selon la tradition, les oiseaux choisissent leurs compagnes. Les Coqs déploient toute la splendeur de leur nouveau plumage pour éblouir les dames de leur choix. Le Pinson est gai avec sa crête bleue, sa poitrine rose et ses ailes blanches, tandis que l’Étourneau bavarde gaiement dans un vert et un violet chatoyants – les oiseaux à tête verte sont des espèces indigènes, ceux à têtes violettes et vertes sont des Étourneaux d’Europe centrale, et les oiseaux à tête entièrement violette sont des Étourneaux de Sibérie, un étranger qui s’établit progressivement en Grande-Bretagne. Outre les notes du Pinson et du Verdier, on entend maintenant le chant du Chardonneret. La Mésange émet ses deux notes sèches, et le Bruant jaune demande son “little-bit-of bread-and-no-cheese”, ou, selon une version moins connue, son “kiss-me-quick-and-go-please” ; la première note est répétée plusieurs fois, la dernière, qui est un peu plus grave, est émise plus lentement.

[ndlt : Un des moyens mnémotechniques pour apprendre les chants des oiseaux, consiste à créer des petites phrases qui rappellent les sons et le rythme du chant d’un oiseau en particulier. Celles qui sont citées ici en anglais ne sont donc pas traduisibles en français car il semblent que nous “n’entendions” pas les oiseaux de la même manière. Par exemple, le chant du Coq est entendu comme “cocorico” par les français, alors que c’est plutôt un “cock-a-doodle-doo” pour les anglais.]

 Il est impossible de reproduire les notes fluides de la Grive, qui se répète par strophes, mais cette version prosaïque de son chant permettra à un débutant de le reconnaître immédiatement :

« qui suis-je, 
qui suis-je, 
qui suis-je …. 
où vais-je, 
où vais-je, 
où vais-je …”

Les Choucas et les Corbeaux s’affairent dans leurs vieux nids, malgré les mots de Katharine Tynan Hinkson dans son poème Gardener Sage, où elle nous dit que :

« Au premier jour de mars
Le corbeau va construire des maisons
Dans l’orme et dans le mélèze.
Qu’il fasse beau ou qu’il neige,
Même si de nombreux vents se déchaînent,
Ce jour-là, le rusé corbeau
Commence à construire sa maison.

Mais alors, la merveille est si grande !
Si le dimanche tombe ce jour-là,
Ni paille, ni branche, ni brindille,
Jusqu’au lundi, il se couchera.
Ses ailes noires à ses côtés,
Il fredonnera sur son perchoir,
Subjugué, et le regard pieux
Comme s’il était à l’église. »

Notre propre observation, cependant, ne corrobore pas la déclaration de ce vieux jardinier, en tout cas, en ce qui concerne les Corbeaux anglais, il s’agissait probablement de Corbeaux écossais. Le nid du Corbeau freux (Corvus frugileus) est fait de brindilles astucieusement entrelacées, tapissées de racines et d’herbe, et si parfaitement équilibré entre les branches qu’il reste en place même en cas de tempête violente. A cette époque, on peut souvent voir le Corbeau, tirer sur une jeune tige avec son bec puissant, et la travailler d’avant en arrière, jusqu’à ce qu’il réussisse à la détacher. Pendant ce temps, sa compagne reste à la maison pour garder le nid, car ces constructeurs sombres volent sans scrupules le matériel de l’autre. Le Choucas des tours (Corvus monedula) est une version plus petite du corbeau, dont il se distingue par la tache grise à l’arrière de la tête et du cou. Les Choucas, comme les Corbeaux, sont grégaires et nichent en groupes ; les falaises rocheuses et les bâtiments tels que les clochers d’église, les tours en ruine et les cheminées sont leurs sites favoris. Parfois, comme dans la dernière situation, des brindilles sont laissées choir, l’une après l’autre, jusqu’à ce qu’elles s’accrochent et reposent solidement. C’est sur cette base que le nid est construit et tapissé de laine, de poils et de plumes. Les œufs, au nombre de quatre à six, sont bleu-vert pâle, tachetés de gris et de brun. Le Grand Corbeau (Corvus corax) est le plus grand de la famille des Corbeaux, mais il est maintenant assez rare en Grande-Bretagne. Il construit un nid solitaire sur une falaise ou un arbre, et si, comme cela arrive parfois, les œufs sont refroidis par la pluie ou la neige fondue, car la construction du nid commence souvent en janvier, les oiseaux se déplacent ailleurs et en construisent un second.

La liste des fleurs de février est similaire à celle de janvier, la fleur du mois étant le Perce-neige, la Belle Demoiselle de février, comme l’appelaient affectueusement nos ancêtres. Certains disent que ce titre a été suggéré par sa ressemblance avec les jeunes filles, vêtues de blanc, qui marchaient deux par deux en procession lors du service de la Purification de la Sainte Vierge (le 2 février), d’autres parce qu’elle fleurit à peu près au moment de cette fête, car, comme nous le dit un ancien calendrier de l’Église,

« Le perce-neige, dans son blanc le plus pur, se dresse,
Se lève, pour la première fois, le jour de la Chandeleur ».

Il est intéressant de noter le changement de position de la fleur au fur et à mesure qu’elle se développe : le bourgeon est droit, dans l’axe de la tige, mais dès que la fleur se développe, la tête tombe, suspendue par un minuscule pédoncule. La raison de ce changement, tout comme la même habitude chez la Jonquille ainsi que la fermeture de ses pétales, comme chez la Pâquerette et d’autres fleurs, est de protéger le pollen du froid et de l’humidité. Le Tussilage (Tussilago farfara) et la Célandine naine apparaissent généralement à un ou deux jours d’intervalle. Le Tussilage (Colt’s-foot en anglais) tire son nomIl est intéressant de noter le changement de position de la fleur au fur et à mesure qu’elle se développe : le bourgeon est droit, dans l’axe de la tige, mais dès que la fleur se développe, la tête tombe, suspendue par un minuscule pédoncule. La raison de ce changement, que l’on observe aussi chez la Jonquille, ainsi que la fermeture de ses pétales, comme chez la Pâquerette et d’autres fleurs, ont pour but de protéger le pollen du froid et de l’humidité. Le Tussilage (Tussilago farfara) et la Célandine naine apparaissent généralement à un ou deux jours d’intervalle. Le Tussilage (Colt’s-foot en anglais) tire son nom de la forme de ses feuilles, qui n’apparaissent qu’une fois les fleurs fanées. À première vue, la fleur ressemble à un petit Pissenlit, mais on la reconnaît facilement aux bractées qui enveloppent la tige, alors que celle du Pissenlit est lisse et nue. De plus, la fleur du Pissenlit n’a pas de disque, alors que le Tussilage a des fleurs en forme de disque et de rayon ; ces derniers, beaucoup plus petits que les rayons correspondants du Pissenlit, entourent le disque comme une collerette. Dès que la fleur est fanée, et pendant que les graines mûrissent, la tête tombe, mais lorsque cette “horloge” duveteuse est prête à disperser ses graines à tous vents, elle se dresse à nouveau. Le nom scientifique vient du latin tussis, la toux, les feuilles étant utilisées en médecine depuis des temps très anciens.

La Ficaire fausse-renoncule (Ranunculus ficaria), cette “Petite et humble Celandine, Prophète de délices et de gaieté, Héraut d’une bande puissante”, si chère à Wordsworth, est la première Renoncule à ouvrir ses pétales brunies, et ses petites étoiles illuminent chaque talus.

« Sur la lande, et dans les bois,
Dans toute la campagne, il n’y a pas de place,
Quel qu’en soit le sens,
Mais elle est suffisamment bonne pour toi. »

(extrait de The Small Celandine de Wiliam Wordsworth.)

Le nom du genre vient du latin ranunculus, qui signifie petite grenouille, car la plupart des espèces se trouvent dans des sites marécageux ; certaines, comme les Renoncules aquatiques, fleurissent à la surface de l’eau, comme des Nénuphars miniatures. Tous les membres de la famille contiennent un jus âcre, parfois toxique, ce qui explique pourquoi le bétail les évite.

Deux arbustes intéressants, le Laurier purgatif et le Fragon faux-houx, sont maintenant en fleur. Le Laurier purgatif (Daphne laureola) appartient au même genre que les Daphné bois-gentil et Daphné  Japonica de nos jardins, et comme le Daphné bois-gentil, on le trouve parfois à l’état sauvage dans les bois. C’est un arbuste bas, d’environ deux pieds de haut, avec des tiges érigées et lisses, chacune portant un bouquet de feuilles persistantes au sommet. Les fleurs vertes pendent en grappes, et ont un parfum agréable par temps doux ; elles sont suivies de baies noires ovoïdes.

Le Fragon faux houx : Butcher’s Broom en anglais (Ruscus aculeatus) est appelé ainsi parce qu’il était autrefois utilisé par les bouchers pour balayer leurs planches ; et c’est la seule espèce britannique. Son aspect est particulier, car la fleur semble pousser au centre de la feuille ; en réalité, ce qui ressemble à une feuille est une branche aplatie (appelée cladode en botanique) qui se termine par une épine acérée. Les vraies feuilles sont de minuscules écailles qui entourent les branches, elles sont caduques. Les minuscules fleurs blanc verdâtre sont suivies par des baies écarlates de la taille d’une bille. On la trouve dans les bois du sud de l’Angleterre et, comme le Laurier purgatif, elle est peu commune.

Le Saule gris ouvre maintenant ses larges bourgeons écailleux, révélant un aperçu de la douce fourrure du “chaton” qui se transformera plus tard en une “palme” dorée. Le Houx et le Fusain perdent leurs feuilles mortes et le Chèvrefeuille pousse dans les haies. L’If, l’Aulne et le Bouleau font mûrir leurs chatons, et le Sureau se met en feuilles. Dans le jardin, le Crocus, l’ami bien-aimé du Smilax, métamorphosé par les dieux en fleur, déploie des pétales violets, blancs ou dorés au soleil. L’Anémone hépatique

« ouvre son enveloppe, et en souriant, montre
Sa délicate robe de lavande.
Les enfants rient en cueillant les fleurs,
et les joyeux Rouge-gorges chantent ;
Car, fleurissant dans les bosquets froids et sans feuilles.
L’Anémone hépatique désigne le printemps. »

Notes de l’éditeur :

[1] Vers une philosophie de l’éducation, p. 219.
[2] The Parents’ Review, vol. 36, p. 762.
[3] The Parents’ Review, vol. 32, p. 18.
[4] The Parents’ Review, vol. 24, p. 189.

Version française de l’article publié par Charlotte Mason Poetry avec leur autorisation. (Traduction ©2021 Charlotte Roman. Relecture et Révisions : Maeva Dauplay et Katia Pelissier)

Ecouter le podcast