Note de Charlotte Mason Poetry : Cette semaine, nous poursuivons notre voyage avec The changing year. Pour plus d’informations sur la façon d’utiliser cette ressource inspirante de Florence Haines, veuillez consulter l’article intitulé « Une promenade en février« . Nous espérons que l’épisode de cette semaine vous donnera des idées intéressantes pour des études spéciales, ainsi qu’une incitation à sortir vous-même pour explorer la nature en cette période unique de l’année.

Image © Jean-Sébastien Caron Photographe

Par Florence M. Haines
La nature au fil de l’année, pp. 60-70

« Puis venait le bouillant juillet, pareil au feu,
Qui tous ses vêtements avait rejetés ;
Sur un Lion enragé de colère il allait,
Monté vaillamment et lui dictait son commandement ;
Sur son dos, une faux, et au côté, sous sa ceinture,
Il portait une faucille qui de grands cercles traçait. »

-Spenser.

En effet, en fin de mois, nous entrons dans le signe zodiacal du Lion, dont la crinière et les épaules sont formées par un amas d’étoiles appelé la Faucille, ce qui nous rappelle ici le début des moissons 

Le mois de juillet s’appelait à l’origine Quintilis, puisqu’il s’agissait du cinquième mois de l’année romaine ; mais comme « César le Dictateur fut enfanté à Rome le quatrième jour avant les Ides* de Quintilis, alors que Caius Martius, Lucius et Valerius Flaccus étaient consuls, le mois qui suivit sa mort fut renommé Julie, en vertu de la loi Antonia (abolissant la dictature) », et en l’honneur, donc, de cet empereur dont les travaux avaient réformé le calendrier et dont c’était le mois de naissance. On dit que juillet était le premier mois de l’année celtique et en gaélique ce mois portait le nom d’An mios buidhe, le mois d’or, en référence aux champs de blé mûr. Les Anglo-Saxons l’appelaient Hen Monath, le mois de l’hydromel, en référence aux prairies en fleurs, et les Gallois l’appelaient Gorfennaf, le mois de la fin de l’été, car juillet représente une pause avant les travaux de moissons du mois d’août. 

The Booke of Knowledge, cette encyclopédie britannique pour enfants, nous apprend que « le tonnerre en juillet annonce qu’il y aura du bon maïs dans l’année, mais aussi la perte de bêtes si leur force périt », une prophétie qui, du moins en ce qui concerne le maïs, est réconfortante dans un pays où l’on dit que l’été consiste en « trois jours chauds et un orage ». Il est d’ailleurs curieux que, dans toute l’Europe du Nord, certains jours pluvieux soient aussi mis en valeur, comme nous alertant qu’il faudra s’attendre à un temps humide quelques jours plus tard. En Angleterre, la fête de Saint-Swithin, fêté le 15 juillet, représente le jour du destin pour les hommes et les femmes.

“Si Saint-Swithin amène le beau temps,
Pendant quarante jours il ne pleuvra plus.
Si Saint-Swithin amène la pluie,
Quarante jours elle restera.”

Les agriculteurs scrutaient autrefois le ciel avec angoisse le jour de la Saint-Swithin, car trop de pluie à cette époque de l’année allaient ruiner la moisson. Swithin était un évêque anglais du IXe siècle. Quand ses os furent transportés du cimetière à la cathédrale, il semblerait qu’il s’y soit opposé car un orage se déclencha et dura quarante jours ; c’est Swithin qui pleurait le déplacement de sa tombe.

De la même manière, en France, 

“Quand il pleut à la Saint-Médard, il pleut quarante jours plus tard. A moins que Barnabé, ne lui coupe l’herbe sous le pied”, et, “Quand il pleut à la Saint Gervais , il pleut quarante jours après. » 

Saint Médard (fêté le 8 juin) et Saint-Gervais (fêté le 19 juin) sont donc des saints du mauvais temps.

Mais les Français répètent que “juillet sans orage, famine au village” et qu’en “juillet, orage de nuit, peu de mal mais que de bruit” ! 

Ce mois-ci, partout en Europe, nous fêtons les saints patrons et les divinités de l’eau : en Belgique avec Sainte Godelieve (6 juillet), dans certaines parties de la Pologne avec Saint Harold (19 juillet), mais surtout en Allemagne, le 2 juillet, avec la fête de la Visitation de la Sainte Vierge Marie, qui commémore la fête de deux enfants à naître, Jésus et son cousin Jean Baptiste. Sur le Rhin, ce jour est connu sous le nom du Jour de la Goutte de Marie, car on dit que s’il ne pleut qu’une seule goutte ce jour-là, il en pleuvra encore pendant quarante autres. En effet, nous avons besoin d’eau : elle est source de vie, de fertilité, de nourriture, de purification et de guérison. Pour les anciens elle était sacrée comme en témoignent les Neptunalia que les romains célébraient à cette époque, mais aussi les nombreux puits sacrés de Grande-Bretagne, autrefois consacrés aux divinités locales, et qui furent ensuite attribués à Sainte Anne, mère de la Vierge Marie et fêtée le 26 juillet, juste avant la fête celtique de Lammas : messe du pain et de la première fête des récoltes. 

En juillet, les romains, qui ont envahi la plupart de l’Europe et dont les rites furent adoptés et transmis par les différents peuples, célébraient également le festival de Salacia en l’honneur de la déesse de l’eau salée, épouse de Neptune et dont le symbole était le coquillage. Nous retrouvons aujourd’hui, la présence hautement symbolique de ce coquillage avec la grande fête de Saint Jacques, le 25 juillet. Saint Jacques était l’un des douze apôtres du Christ, et son sanctuaire en Espagne, Santiago de Compostela, attire toujours les pèlerins du monde entier.

Le jour de la Saint Jacques, avant midi, représente le temps d’hiver avant Noël, et après midi, il représente le temps après Noël. “Si le soleil brille le jour de Saint Jacques, c’est un signe de temps froid ; mais s’il est entre les deux, c’est un signe de temps ni trop chaud, ni trop froid ». Ce jour de la Saint Jacques prédit également les conditions de la récolte du houblon.

Désormais, les jours raccourcissent, mais il n’y a pas de différence perceptible dans la chaleur, en réalité, le soleil ardent et la chaleur accumulée au cours des semaines précédentes font de juillet le mois le plus chaud. A l’exception du bourdonnement des insectes ou du gazouillis des Sauterelles, les chemins et les bois sont presque silencieux, le petit Pouillot véloce (Phylloscopus collybita) a changé ses notes monotones en un sifflement strident, mais la majorité des oiseaux sont affairés à s’occuper de leurs oisillons ou à entamer leur mue estivale. Les petites Grenouilles quittent maintenant l’étang, car avec l’apparition de leurs pattes avant, les poumons se développent et elles ne peuvent plus rester dans l’eau. La partie de la queue qui reste est rapidement absorbée par le corps, mais la petite créature continuera à grandir pendant environ cinq ans avant d’atteindre sa taille définitive.

Sur les berges sèches et ensoleillées, les Lézards chassent les Mouches ; l’Orvet fragile (Anguis fragilis), le « ver venimeux sans yeux » de Shakespeare, ce curieux intermédiaire entre le Lézard et le Serpent, se nourrit la nuit, principalement de Limaces, mais on peut aussi le rencontrer le jour. Malgré son apparence de Serpent, il est parfaitement inoffensif ; un vrai Lézard, bien que dépourvu de pattes – lesquelles, cependant, sont facilement repérables sur le squelette – il possède des yeux particulièrement brillants et sa queue se casse aisément, de sorte que, s’il est capturé ou percuté, elle est immanquablement sectionnée. Mais ce n’est pas tout : la queue sectionnée se tord et s’enroule sur elle-même, et s’élance même dans les airs, ce qui est censé protéger l’animal qui, pendant ce temps, parvient à s’échapper.

Le Papillon appelé le Grand Mars changeant est maintenant en vol, son repaire favori étant la cime d’un chêne ; plusieurs Argynnis aussi, le Grand nacré (Argynnis aglaia), le Moyen nacré (Argynnis adippe) et le Tabac d’Espagne (Argynnis paphia), le plus grand de nos Argynnis indigènes, qui se distingue par l’absence des taches argentées caractéristiques sur le bas des ailes. Le Robert-le-Diable se reconnaît à l’aspect déchiqueté de ses ailes de couleur rouille, qui sont très découpées ; il tire son nom anglais de Papillon-Virgule de la marque en forme de virgule sur le bas des ailes. L’Agreste (Satyrus semele) se trouve fréquemment au bord de la mer, le Moiré de la canche (Erebia epiphron) préfère les montagnes, tandis que le Tristan (Epinephele hyperanthus) fréquente les champs de pâturages secs ou les chemins herbeux. Le Myrtil (Maniola jurtina) des prés et le Fadet des tourbières (Coenonympha tullia) sont des papillons de juillet, de même que diverses Hespéridés et la plupart des Polyommatinae, l’Argus bleu ou Azuré commun et l’Azuré des anthyllides ou Demi-argus (Lycæna semiargus), tous deux probablement des visiteurs du continent, l’Azuré de l’ajonc ou Petit argus (Lycæna ægon), l’Argus bleu-nacré (Lycæna corydon) ainsi que l’Azuré du serpolet (Lycæna arion). Les Theclinae sont facilement identifiables par la fine bande ou la rangée de petits points qui traverse la surface inférieure de leurs ailes, ainsi que par la petite pointe des ailes inférieures, semblable à celle des Papilionidae, bien que plus petite. La Thècle du prunier (Thecla pruni) est le plus rare, la Thècle du chêne (Thecla quercus) le plus commun, et la Thécle de la Ronce (Thecla rubi), d’un beau vert émeraude, le plus petit du genre.

Parmi les Papillons de nuit, nous trouvons la Maure, la Zérène du groseillier ou Phalène mouchetée, la Zygène de la spirée que l’on nomme aussi la Zygène du pied-de-poule ou même le Sphinx bélier, la Bryophile perlée (Bryophila perla), le Hibou, aussi appelé la Noctuelle fiancée ou la Triphène fiancée, le Cossus gâte-bois, la Zeuzère du poirier ou du marronnier, la Grande naïade, aux ailes vert pâle, la Mondaine (Nudaria mundana), la Boarmie rhomboïdale (Boarmia gemmaria), et la Livrée des arbres (Bombyx neustria), dont les petits chapelets d’œufs peuvent être trouvés plus tard, entourant les rameaux des pommiers. Les chenilles du papillon de nuit la Goutte-de-sang, également appelée Carmin ou Écaille du séneçon (Euchelia jacobææ) sortent de leurs œufs ce mois-ci et sont facilement reconnaissables à leurs anneaux alternés de noir et d’orange. L’Hépiale du Houblon ou Papillon Fantôme, la Louvette et l’Hépatique (ou Martinet doré) sont observés en début de soirée ; ils se caractérisent par un vol rapide. À première vue, le Papillon Fantôme semble pouvoir apparaître et disparaître à volonté, car la surface supérieure de ses ailes est blanche et la surface inférieure brun foncé, de sorte que la créature est visible ou invisible lorsqu’elle abaisse ou relève ses ailes. On dit de la Buveuse ou Bombyx buveur (Odenestis potatoria) qu’il a l’habitude de se baisser comme s’il buvait lorsqu’il passe au-dessus d’une nappe d’eau, bien qu’une autre explication de son nom soit que la chenille boive les gouttes de rosée sur les longues herbes dont elle se nourrit et auxquelles elle attache son cocon en forme de navette. La Noctuelle Batis porte cinq grandes taches couleur de pêche sur le dessus de ses ailes ; sa larve, qui se nourrit de feuilles de ronce, a la curieuse particularité de se recroqueviller en forme de fer à cheval. Deux chenilles curieuses que l’on peut trouver ce mois-ci sont celles du Sphinx demi-paon et de la Grande Queue-fourchue ou Grande harpie, la première est vert pâle avec sept bandes blanches de chaque côté, et une corne bleu pâle à l’extrémité du corps ; la seconde est vert vif, l’avant du corps formant une bosse avec deux grandes taches noires ressemblant à des yeux, elle a aussi deux longs poils fins à l’extrémité du corps et des bandes blanches et violettes sur le dos et les flancs.

Ce long coléoptère noir que nous pouvons rencontrer sur le chemin c’est le Staphylin noir aussi appelé « le Diable » (Staphylinus olens ou ocypus olens) car, lorsqu’il est dérangé, il ouvre ses puissantes mâchoires et remonte sa queue à la manière d’un scorpion. La jolie petite Cicindèle champêtre (Cicindela campestris) se déplace en courant au soleil, la Cicindèle des bois (Cicindela sylvatica) est plus grande et de couleur noir cuivré. Le Scarabée violet, comme d’autres de son espèce, se protège de ses ennemis en éjectant un liquide caustique, comme le fait aussi le petit Scarabée Bombardier (Brachinus crepitans). Dans le cas du Scarabée Bombardier, le liquide se volatilise avec une légère explosion de flammes bleu pâle et de « fumée », d’où son nom. Le Lampyre,  communément appelé Ver luisant (Lampyris noctiluca) appartient à la famille des coléoptères à peau molle, tout comme les Punaises Soldats si communes sur les fleurs. La femelle du Ver luisant est dépourvue d’ailes et relativement plus grande que son compagnon ; ils sont tous les deux lumineux, tout comme leur larve qui ressemble à la femelle et qui se nourrit d’escargots. Ce sont ces larves lumineuses qui, au printemps, sont parfois confondues avec l’insecte adulte.

Les Abeilles murmurent dans les fleurs du Tilleul, dont nous pouvons observer trois espèces, le Tilleul commun (Tilia vulgaris) et le Tilleul à grandes et petites feuilles, les deux derniers se trouvant occasionnellement dans les vieux bois. D’autres fleurs chères aux abeilles sont les petites fleurs violettes de la Bruyère Calune, et les diverses autres Bruyères qui font la gloire de nos landes d’été.

« Etincelle, vit et danse,
Par chaque rafale ballottée et balayée,
Et chaque goutte de pluie qui scintille.
Jamais dans un bijou ou un verre de vin, la lumière
N’a brûlé comme la bruyère pourpre ;
Et certains sont du rose le plus pâle, d’autres du blanc,
Se balançant et dansant ensemble.
Chaque tige est claire et nette,
Chaque cloche sonne,
Sans doute, un air que nous n’entendons pas
Pour le chant endormi des grives. »

La plante tire son nom du sol sur lequel elle pousse, une lande ou un espace ouvert et non cultivé. Ses fines feuilles en forme d’aiguille présentent peu de surface d’évaporation et lui permettent de prospérer dans des situations froides et exposées et sur les sols les plus secs. La Bruyère commune nommée Calune (Calluna erica ou vulgaris) peut être identifiée depuis le cercle polaire arctique jusqu’en Europe centrale, à des altitudes variant entre 1800 mètres et le niveau de la mer ; elle pousse également en Asie et dans certaines parties de l’Amérique du Nord. La Bruyère, comme l’Iris, l’Ancolie et l’Orchis, est un exemple de ces fleurs dont le calice et les pétales portent des couleurs aussi vives l’une que l’autre, la petite corolle en forme de cloche étant presque cachée par les sépales roses qui l’entourent. Les fleurs séchées restent sur la plante pendant de nombreux mois, car

« Bien que l’herbe et la mousse soient visibles,
Tannées par le manque de précipitations,
La Bruyère garde toujours son vert sombre,
Parsemé de petites fleurs. »

De même, les graines constituent une réserve de nourriture presque inépuisable pour les Tétras et autres oiseaux des landes. Le nom scientifique vient du grec καλλύνω (kallúnô), « j’embellis », « je nettoie », en référence à son utilisation dans la fabrication des balais.

Parmi les quatre espèces de Bruyères que l’on trouve en Grande-Bretagne, la plus commune est la Bruyère cendrée (Erica cinerea), l’insigne du Clan irlandais MacAlister. La Bruyère des marais (Erica tetralix), l’insigne des MacDonalds, a des fleurs rose rosé, d’un aspect cireux assez curieux, et ses feuilles sont disposées en croix sur la tige, d’où son nom anglais Cross-leaved Heath. La belle Bruyère ciliée (Erica ciliaris) porte ses fleurs cramoisies en grappe unilatérale ; la Bruyère vagabonde ou Bruyère voyageuse (Erica vagans), a une tête florale effilée. En plus de fournir de la nourriture aux moutons et aux chèvres, la Bruyère est très utilisée pour la literie, le chaume, etc., ainsi que comme combustible. Anne Pratt nous dit d’ailleurs que « les habitants du Jura et d’Isla brassent de la très bonne bière en mélangeant les jeunes fanes de bruyère avec leur malt. … À Rum, Skye et Long Island, le cuir est tanné avec une préparation de ses branches, et dans la plupart des îles occidentales, on l’utilise pour teindre les fils en jaune ».

Un autre genre de plantes nécessitant peu d’humidité est celui des plantes de rocaille, dont la plus grande est le Grand Orpin. On la nomme aussi la Joubarbe des vignes, ou Herbe de la Saint-Jean (Sedum telephium), en raison de son utilisation par les jeunes filles du village la veille de la Saint-Jean, lorsqu’une branche était plantée dans le mur ou dans un morceau d’argile, et examinée le lendemain matin pour voir si les feuilles tombaient à droite ou à gauche : selon la direction prise, leurs amoureux s’avéreraient être les bons ou pas.  L’Orpin âcre ou brûlant, également appelé le Poivre des murailles (Sedum acre) est le plus répandu et porte des fleurs jaunes ; l’Orpin anglais (Sedum anglicum) a des fleurs blanches tachetées de rouge, l’Orpin velu (Sedum villosum) porte des fleurs blanc rosé, l’Orpin blanc (Sedum album) se reconnaît facilement à ses fleurs blanches. Il existe six autres espèces, dont la plupart, comme l’Orpin mordant, ont des fleurs jaunes ; celles du Grand Orpin sont cramoisies, et celles de l’Orpin rose (Sedum roseum) sont jaune verdâtre.

Les autres fleurs de juillet sont l’Absinthe, l’Armoise commune, l’Ortie royale aussi connue sous le nom de Galéopside à tige carrée, la Brunelle commune, l’Épiaire, les Solidages verges d’or, la Gaulthérie couchée, appelée aussi Thé des bois, la Linaire commune, l’Achillée ptarmique, la Cardère, la Picride fausse épervière, la Petite Ciguë, la Lampsane commune, l’Herbe aux mouches, la Centaurée, la Bardane, la Toque Scutellaria, la Cynoglosse officinale ou la Langue de chien, la Petite-centaurée rouge, l’Odontite rouge, la Verveine, la Campanule commune et la Campanule à feuilles rondes, le Filago, la Chicorée amère, la Pimprenelle, le Houblon, les Népètes, l’Angélique des bois ou Angélique sauvage, la Cuscute, curieuse plante parasite, le Panicaut maritime, aux fleurs gris-bleu et aux feuilles épineuses bleu-vert, et bien d’autres encore.

L’Armoise commune (Artemisia vulgaris) se distingue de l’Absinthe par l’absence de parfum aromatique, la couleur plus foncée de ses fleurs mais aussi le fait que ses feuilles ne sont blanchâtres que sur la face inférieure. La tisane produite à partir de cette plante est un remède rustique célèbre contre les rhumatismes, et ses vertus, selon l’ancienne légende écossaise, furent reconnues par la sirène de Clyde, qui semblait être un genre particulièrement sympathique et qui aurait déclaré, en déplorant la disparition de nombreuses jeunes femmes de Glasgow :

« Si elles buvaient l’eau d’ortie en mars
Et consommaient de l’armoise en mai,
Alors de nombreuses filles courageuses
Ne retourneraient pas à la terre. »

La Brunelle commune (Prunella vulgaris) est également une plante médicinale. Outre ses propriétés antioxydantes et antivirales, elle possède des vertus digestives, notamment en cas de crampes d’estomac, de diarrhée et de vomissements. L’Épiaire des marais (Stachys palustris) était utilisée de la même manière et se distingue de l’Épiaire des bois, encore appelée Ortie puante (Stachys sylvatica) par sa tige creuse et ses fleurs plus pâles, alors que la tige de l’Épiaire des bois est pleine et ses fleurs pourpres d’un violet foncé.

L’Épiaire des champs (Stachys arvensis) a des fleurs pâles teintées de rose ; l’Épiaire officinale ou Bétoine officinale (Stachys betonica) peut être reconnue des autres espèces par le fait qu’il y a un espace vide entre les verticilles supérieurs et inférieurs, ces derniers portant également un couple de feuilles immédiatement en dessous. Les Romains appréciaient tellement cette plante qu’ils avaient un proverbe : « Vends ton manteau et achète de la Bétoine », et Antoninus Musa, médecin de l’empereur Auguste, affirmait qu’elle guérissait pas moins de quarante-sept maladies. Wolfgang Franz, dans son livre History of Brutes or A Description of Living Creatures, dit d’un cerf que, “lorsqu’il est blessé par un dard, son seul remède est de manger un peu de l’herbe appelée Bétoine, qui aide à la fois à faire sortir le dard et à guérir la blessure. »

La Solidage verge d’or ou Baguette d’Aaron (Solidago virgaurea) a reçu son nom scientifique du latin solidare, unir. Les médecins de l’Antiquité en parlent comme de « l’une des herbes les plus nobles pour soigner les plaies » ; elle était également utilisée comme teinture. L’Achillée millefeuille (Achillea millefolium) est également une plante médicinale et tient son nom d’Achille, qui l’employait pour soigner ses plaies ; aujourd’hui, elle s’utilise plutôt pour soulager les troubles digestifs et les douleurs menstruelles. Conseillée également pour améliorer la digestion et soigner la dyspepsie, c’est surtout une plante emménagogue : elle stimule le flux sanguin de la région pelvienne et de l’utérus.

L’Achillée sternutatoire ou ptarmique (Achillea ptarmica) appartient au même genre, mais ses feuilles sont non-divisées et les fleurs sont individuellement plus grandes que celles de l’Achillée millefeuille. La Cardère sauvage (Dipsacus sylvestris), dont les sommités fleuries, qui figurent sur les armoiries de la Guilde des Drapiers (ceux que Rembrandt aura si talentueusement représenté dans son tableau du même nom), sont encore placées dans des cadres et utilisées pour peigner le tissu, l’avantage étant que si un crochet s’emmêle dans un élément quelconque, il est arraché et l’ouvrage n’en est pas endommagé, alors que les dents inflexibles des machines déchireraient le tissu. Les feuilles poussent par paires, unies autour de la tige piquante, et l’eau qui s’accumule dans ces coupes naturelles empêche les fourmis de monter pour prendre le miel réservé aux insectes ailés qui, seuls, peuvent féconder les fleurs. C’est en allusion à cette eau que le nom scientifique a été donné, issu du grec δίψα (dípsa), « soif ».

Les fleurs jaune terne de l’Herbe aux mouches ou œil de cheval (Inula conyza), en raison de leur petitesse, semblent ne pas être complètement ouvertes car leur parfum n’est perceptible que lorsque la plante est fanée. John Clare, dans son poème Cowper Green, parle de

« L’odeur épicée de l’Herbe aux mouches
Et du Thym, puissamment parfumé, sous les pieds,
Et des bourgeons de Marjolaine si merveilleusement sucrés. »

La Vergerette âcre (Erigeron acre), aux pétales bleus et au cœur jaune, appartient à un autre genre. L’Origan commun (Origanum vulgare) tire son nom scientifique du grec όρος (orós), « montagne », et γάνος (gamos), « joie » ; il est cultivée en pot, mais aussi employé en médecine pour ses vertus antibactériennes, antiseptiques et anti-infectieuses. En infusion, il est rafraîchissant et permet également de prévenir les maladies respiratoires et de renforcer les défenses immunitaires. Anne Pratt nous apprend que « le territoire de l’Oregon aurait reçu son nom de la prolifération de cette plante dans cette région. »

La légende de la Renouée persicaire (Polygonum persicaria), qui explique la curieuse tache foncée sur ses feuilles, est la même que celle de l’Orchis mâle et de l’Arum tacheté : elles auraient poussé au pied de la croix du Christ et auraient reçu la goutte de sang qui marqua leur feuille à jamais. 

La Persicaire ou Renouée amphibie (Polygonum amphibium) pousse soit dans l’eau, soit sur la terre ferme. Dans le premier cas, ses feuilles sont flottantes, oblongues et lisses, mais dans le second, elles sont velues et en forme de lance. La Renouée poivre d’eau (Polygonum hydropiper), avec ses épis tombants de fleurs jaune-verdâtre, pousse abondamment dans les fossés, et une autre espèce commune est la Renouée à feuilles d’oseille (Polygonum lapathifolium) avec ses fleurs rose pâle.

Les plantes aquatiques du moment sont la Sagittaire à feuilles de flèche (Sagittaria sagittifolia) du latin sagitta, « une flèche », facilement reconnaissable à ses feuilles pointues ; le Myriophylle, la Lobélie de Dortmann, aux fleurs lilas pâle, et le Stratiote aloïde, le Faux-aloès (Stratiotes aloïdes) dont le feuillage fait penser à celui d’un ananas et que l’on surnomme alors « l’ananas d’eau » et qui, comme la Sagittaire, tire son nom scientifique et son nom vulgaire de ses feuilles en forme d’épée et bordées comme celles d’un Aloès. C’est pour cela que les anglais la nomment Water Soldier, le Soldat d’eau, du grec στρατιωτης (stratiáomai), « un soldat ». Cette plante rare est la seule de son genre et appartient à la même famille que la Grenouillette (Limnobium laevigatum), qui fleurit également ce mois-ci. Dans des situations humides similaires, nous trouvons l’Œnanthe safranée, le Persil d’eau à larges feuilles, la Ciguë aquatique qui est mortellement toxique, le Bident tripartite parfois appelé le Chanvre d’eau, la Massette à larges feuilles, aussi appelée Roseau à massette (Typha latifolia) et la Massette à feuilles étroites ou Quenouille du Canada (Typha angustifolia) et bien sûr le Scirpe aigu, également nommé le Jonc des chaisiers pour sa propriété à se tresser aisément (Scirpus lacustris). La Lysimaque commune (Lysimachia vulgaris) et le Mimule jaune aiment les berges des rivières et, sur les terrains marécageux poussent la belle Narthécie des marais jaune et le Mouron délicat aux fleurs rosées, ainsi que la curieuse Droséra, dont les feuilles en forme de cuillère sont garnies de poils rouges collants qui retiennent les nombreux insectes qu’ils piègent.

La Criste marine,  Perce-pierre (Crithmum maritimum) porte parfois le nom d’Herbe de Saint Pierre et est une plante qui est souvent  utilisée pour faire des pickles (condiment conservé dans du vinaigre ou en saumure), tout comme la Salicorne d’Europe (Salicornia herbacea). Cette dernière se distingue de la véritable Salicorne par l’absence de feuilles ; les fleurs des deux plantes sont très petites, les fleurs verdâtres de la Salicorne d’Europe sont portées en épis à l’extrémité des tiges, les fleurs blanches de la Salicorne commune poussent en grappes.  En anglais, la Salicorne d’Europe se nomme Glasswort en raison de sa teneur en soude, qui était autrefois utilisée dans la fabrication du verre.

La Prêle, que l’on trouve si fréquemment dans les fossés et sur les terrains vagues, ressemble à la Pesse vulgaire (Hippuris vulgaris) par sa tige articulée, mais c’est une plante sans fleurs, apparentée aux fougères et aux mousses, qui se propage au moyen de spores, et qui forment un cône en forme de massue au sommet de sa tige. Celles-ci tombent lorsqu’elles sont mûres, et chacune d’entre elles est munie de quatre filaments qui, lorsqu’ils sont humides, s’enroulent autour de la spore, et lorsqu’ils sèchent, se déroulent avec une telle force qu’ils propulsent la spore sur le sol ; de cette façon, une distance considérable peut être parcourue, et si la plante prend pied dans un champ ou un jardin, il est presque impossible de l’éradiquer. Les branches vertes articulées poussent en verticilles, et les petites feuilles brunes sont serrées à la base des articulations. La tige contient une quantité considérable de silice, c’est pourquoi la plante est utilisée pour polir les métaux, le marbre, l’ivoire, etc., notamment une espèce cultivée en Hollande (Equisetum hyemale) et importée sous le nom de Prêle d’hiver.

Note de la traductrice : 

* Les Ides sont, dans le calendrier romain, un jour de référence se produisant le 13 ou le 15 de chaque mois.

Version française de l’article publié par Charlotte Mason Poetry avec leur autorisation. (Traduction et adaptation ©2022 Charlotte Roman. Relecture : Maeva Dauplay)

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